Un ensemble d’acteurs et d’experts du changement digital présente, l’ouverture d’un véritable dialogue social entre plates-formes et envoyés élus des laborieux ubérisés.
Le droit de reproduction et de négociation collective des travailleurs constitue un pilier de notre droit du travail et de notre modèle social. Il ne saurait souffrir d’exception. C’est pourquoi il est temps que la loi admette le droit les travailleurs des plates-formes digitales d’être représentés et de négocier avec les plates-formes auxquelles ils se connectent.
Alors qu’ils n’en sont pas employés, les travailleurs de plusieurs plates-formes d’intermédiation, comme Uber ou Deliveroo, voient en effet leurs conditions de travail largement déterminées par les plates-formes, comme le soutenu de la prestation, son prix et sa durée. C’est la raison pour laquelle la loi du 8 août 2016 a posé le principe d’une imputation sociale de ces plates-formes et a ouvert aux travailleurs le droit de se syndiquer et celui de faire grève sans sanction. Il n’y a, cependant, à ce jour aucun outil de représentation ni de dialogue social.
Le projet de loi d’orientation des changements (LOM), en débat à l’Assemblée nationale, doit être l’occasion d’introduire le principe d’un mécanisme de représentation et de dialogue social pour les travailleurs des plates-formes digitales, dont les modalités concrètes seraient précisées à l’issue d’une concertation avec les acteurs concernés. L’enjeu est de créer les conditions d’un dialogue constructif, de mieux égaliser les relations entre la plate-forme et ses contributeurs, et de protéger l’émergence progressive d’un modèle social conciliant le développement économique des plates-formes et le respect des droits et intérêts des travailleurs.
De fait, cette mesure répond à la requête de organisation des espaces de dialogue social exprimée tant par les laborieux que par les plates-formes. Depuis deux ans, plusieurs débats et groupes de travail entre parties captivantes ont été organisés dans l’espace public, comme dans le cadre des Etats généraux des nouvelles normalisations digitaux, de l’Agora du travail en Ile-de-France, de plusieurs think tanks comme #Leplusimportant, la Fondation Jean-Jaurès, l’Acadi, ou des groupes de travail IGAS-France Stratégie-Sharers & Workers et avec la Confédération européenne des syndicats.
Transport et livraison
Beaucoup de lignes de force se débarrassent, qui présentent que le sujet est assez mature et cadré pour que l’origine de ce dialogue social soit inscrit dans la loi et serve d’aiguillon aux acteurs afin que les concertations recrutées finissent sur des accords et sur une mise en place effective d’un dialogue social formel et entouré par le droit.
Chef de la Fédération nationale des autoentrepreneurs et gestionnaire de la Sécurité sociale des indépendants
Grégoire Leclercq, président de la Fédération des autoentrepreneurs, reporte les imputations de « régression sociale » tenues contre les Chartes d’implication attendues par l’article 20 de la loi d’orientation des mobilités, en débat à l’Assemblée nationale.
Observée par les députés depuis le 14 mai, la loi d’orientation des mobilités (LOM) entre dans l’ultime ligne droite. En tant qu’acteurs aussitôt majeurs de la mobilité, les plates-formes figurent au cœur du projet : l’article 20 – conduit dans le projet de loi initial – se saisit du sujet crucial de l’implication sociale des plates-formes, y compris celles agissant hors du secteur des transports.
L’idée est simple : à travers la cooptation d’une Charte sociale, chaque plate-forme pourra présenter aux laborieux indépendants qui utilisent son service des dispositifs d’implication sociale ajustés à leur activité.
L’article 20 est un premier pas essentiel et espéré depuis longtemps par l’ensemble des acteurs (plates-formes françaises comprises) et le fruit d’un dialogue social durable entre plates-formes, envoyés des autoentrepreneurs et services de l’Etat. C’est surtout une première pierre au chantier ambitieux et complexe de la protection sociale de tous les actifs.
Un dispositif vertueux
En tant que président de l’organisation spécifique des autoentrepreneurs, je suis actuellement confiant dans la capacité du légiste à prévoir un dispositif exactement défini et assez réduit pour affirmer aux laborieux indépendants de meilleures conditions dans leur relation avec les plates-formes.
Soyons clairs : l’article 20 de la LOM n’est pas le blanc-seing attribué aux plates-formes que certains ordonneraient laissé croire. C’est un dispositif vertueux car la charte sera contrôlée, controversée et enrichie. Elle devra au préalable être homologuée par l’administration chargée d’en doser la pertinence. La députée (LRM, Gironde) Bérangère Couillard, rapporteure du texte à l’Assemblée, a précisé qu’un « socle de règles obligatoires » serait imposé aux plates-formes et devrait figurer dans leurs chartes.
La charte pourra aussi être controversée entre laborieux et plates-formes, par exemple une fois par an dans une forme de dialogue social recommencé. Elle aura, enfin, vocation à s’enrichir : pour rester attachante, chaque plate-forme sera incitée à offrir à ses partenaires une charte avantageuse, générant un effet vertueux sur l’ensemble du secteur. Grâce aux planchers proportionnellement bas définis dans la loi El Khomri, les indépendants n’auront aucun frein à aménager une activité « multi-plate-forme » : ils pourront facilement profiter de droits sur l’ensemble des attentions où ils engendrent un chiffre d’affaires.
Un ensemble de six syndicats de laborieux de plates-formes digitales, dont CGT-Services à la personne ou encore Bikers nantais, s’élève contre la constitution de « chartes », prévue par la loi d’administration des mobilités (LOM).
Après avoir été examiné en 2018 par le Conseil constitutionnel dans le cadre de la loi Avenir professionnel, la constitution de « chartes » censées régir les rapports entre les plates-formes digitales et leurs laborieux « indépendants », refait son apparition dans le cadre de la discussion à l’Assemblée nationale de la loi d’orientation des mobilités (LOM). Ces dernières ont malgré cela été écartées par le Sénat à la suite d’un vote inédit de sénateurs de droite comme de gauche.
Leur accomplissement arbitraire par les plates-formes elles-mêmes fait débat : en premier lieu, il est certain qu’un tel appui de la majorité constitutionnel vise à contrecarrer les conclusions rétablies de plusieurs juridictions qui ont requalifié en relations salariales les contrats commerciaux qui assemblaient des travailleurs ubérisés à ces dernières.
Flexibles à la validation du ministère du travail, c’est bien leur loi d’airain, surtout en matière de rétribution, source de plusieurs conflits ces dernières années, que le légiste pourrait graver dans le marbre de la loi, bornant ainsi principalement la liberté des juges. N’en offense aux dirigeants de plates-formes qui poussent à l’adoption de la LOM, ce que les livreurs redoutent le plus n’est pas de devenir salariés mais de se voir imposer une rétribution constamment en baisse et l’abrogation de leur contrat à tout moment et sans aucune justification.
Le mythe du « travail indépendant »
Quant à la flexibilité des horaires acceptée les attirer, il convient de expliquer que les créneaux les plus rentables poussent à se brancher quand l’algorithme de la plate-forme le décide… En outre, quand l’accès de cette dernière n’est pas soumis à inscription, un sureffectif ubuesque crée une inflation qui fait baisser le nombre de prestations et leur prix.
D’autres part, il est émouvant de voir que, quand ces laborieux sont immédiatement invités à se formuler, comme ce fut le cas lors de l’examen organisée par le Conseil national du numérique (CNNum), les conclusions sont plus radicales puisque le CNNum s’oppose nettement à la mise en place de telles chartes et « appelle plutôt à l’instauration d’un véritable dialogue social ».
Plutôt que de poursuivre à nourrir le mythe du « travail indépendant » alors que les effectifs de porteurs des géants Deliveroo et Uber Eats tutoient les 20 000 livreurs et que les situations d’exploitation de plus en plus cruelles, dont le travail des migrants et des enfants, indemnisent l’actualité, il est essentielle d’administrer précisément sur ces questions et tenant compte de la diversité des autres métiers existants (guides touristiques, chauffeurs, chargeurs de trottinettes électriques, services à la personne…).
Dans ce hangar, des robots organisent et expédient des centaines de milliers de produits par jour, sous la supervision humaine. Amazon prévoit d’en ouvrir un en France en 2019.
C’est un pantomime où tous les artistes sont habillés de jaune, une chorégraphie aussi coulante qu’obscur qui se joue sur un infini terrain de jeu. Bienvenue à JFK8, l’un des plus modernes entrepôts d’Amazon. Dans ce hangar de 80 000 mètres carrés savent passer chaque jour plusieurs centaines de milliers de produits ordonnés par les habitants de New York au géant d’e-commerce américain. Indépendance du lieu, les robots – ce sont eux, les danseurs – y interprètent un rôle essentiel. JFK8 est en effet l’un des 26 centres de réception (sur un total de 175) dits mécanisés dont dispose Amazon dans le monde, et bientôt la France aura le sien. Il délacera à l’été à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne.
Ces sites distraient un rôle essentiel dans la stratégie d’Amazon, et surtout dans sa capacité à livrer ses clients dans les délais les plus diminués possible. Introduits près de grands centres urbains, ils stockent la plus vaste nomenclature de références, puis attestassent leur emballage et leur expédition.
Depuis 2012, les robots ont débuté à saisir leur place dans les entrepôts d’Amazon et celle-ci ne cesse d’augmenter. La preuve la plus certaine en est faite au cœur du hangar de Staten Island, où certains milliers de petits appareils roulants intelligents garantissent l’agencement de cette vaste caverne d’Ali Baba. Quand de nouveaux produits arrivent sur le site, ce sont eux qui vont apporter aux personnes empilées de les consigner les étagères où les entreposer. Un système d’éclairage indique alors à l’employé quel est la principale subdivision où les déposer.
Recherche de productivité
Une fois sa mission terminée, le robot transporte le rayonnage à l’endroit de la zone de stockage qui lui semblera le plus approprié. Pas question ici de ranger les PlayStation avec les PlayStation, les couches avec les couches : la douteuse est jugé meilleur et si un produit est populaire, mieux vaut qu’il soit dispersé aux quatre coins de l’espace de stockage.
Contradictoirement à ce qui se passe dans les entrepôts traditionnels, ce n’est plus ensuite l’assistant qui va chercher le produit ressemblant à une commande, mais le robot qui lui soutient l’étagère où il se trouve. Et si son accès est bloqué par d’autres étagères, les robots s’arrangent entre eux pour lui trouver un chemin. Comme celui-ci n’est pas prédéfini, ils transmettent entre eux pour ne pas se heurter et découvrir continuellement la trajectoire la plus rapide.
Depuis vingt ans, le secteur privé monte en puissance : les familles sont de plus en plus nombreuses à accepter de payer le prix fort contre la promesse d’une insertion professionnelle rapide.
Depuis deux décennies, le secteur privé monte en force : les familles sont de plus en plus abondantes à admettre de payer le prix fort contre la promesse d’une insertion professionnelle rapide.
Le succès scolaire est, en France, une affaire particulière. Plus d’un demi-siècle après les pavés dans la mare faite par les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (Les Héritiers, en 1964, et La Reproduction, en 1970), la situation n’a, au mieux, guère développé, au pire, s’est augmentée. Plus que jamais les différences de naissance sont calquées, voire appuyées, par les parcours scolaires et universitaires. Stabilisées dès les années collège, elles dominent dans l’enseignement supérieur où la règle est aussi constant qu’au tarot : moins l’on dispose d’atouts maîtres – ici sociaux et scolaires – dans son jeu, plus l’effort requis pour gagner la partie est pénible.
Dans un système méritocratique dirigé par la règle du concours, il est important d’aller chercher le point qui fera la différence dans la multitude de prépas privées.
Quel a été l’impact de l’extraordinaire accroissement de l’enseignement supérieur privé depuis vingt ans (+ 76 %) dans cette privatisation du succès scolaire ? Le premier est d’avoir engendré une voie nouvelle et conciliatrice entre filières sélectives (prépas, BTS, DUT, etc.) et non élitistes (licence universitaire) pour les familles qui ont les reins suffisamment solides pour garantir des frais de connaissance en moyenne de 8 000 à 10 000 euros annuels. Deuxième effet : une contribution nette à l’accroissement de la pression scolaire avec la multiplication de prépas en tout genre. Dans un système méritocratique régi par la règle du concours, il est tentant d’aller chercher le point qui fera la différence dans la multitude de prépas privées entraînant les jeunes là où la pression est la plus intense – médecine, droit, Sciences Po, études artistiques, etc. L’offre, en la matière, a éclaté.
Ces deux phénomènes, qui participent à affermir le poids des ressources financières dans les études, coexistent avec des effets plus favorables. Ainsi, inversement à une idée répandue, les clients de l’enseignement supérieur privé ne se mobilisent pas exclusivement entre les classes les plus aisées : 22,7 % des étudiants y sont boursiers (40 % dans le public). Les élèves financent leurs études grâce à des jobs d’appoint, des prêts, les dispositifs sociaux créés par les écoles ou, formule encore plus économique, en choisissant pour l’éducation.
Le privé a plus d’accessibilités que le service public à assembler son offre à la demande du monde économique. Sans lui, des secteurs aussi dynamiques que le luxe, le sport, l’animation, la mode, le jeu vidéo et la digitale seraient en peine de découvrir toutes les compétences dont ils ont besoin. Il s’est aussi ajusté aux évolutions des conduites des jeunes en soignant ses approches pédagogiques et en quêtant, de plus en plus, l’aval de l’Etat, quitte à banaliser son offre. Enfin, de manière plus structurelle, les écoles de management, d’ingénieurs ou de design ont souvent été motrices dans la constitution de ces écosystèmes associant universités, institutions de recherche et entreprises – il en existe dans toutes les régions, et on les dit essentielles dans la course à l’innovation et à la propagation internationale de notre enseignement supérieur.
La lente baisse du nombre des chercheurs d’emploi n’expose que l’économie française, malgré ses faiblesses structurelles, fait témoignage d’une résilience prometteuse.
Six mois de crise des « gilets jaunes » et de concentration sur le pouvoir d’achat des Français ont presque fait circuler au second plan l’un des primordiaux maux de notre pays : le chômage de masse. Quelle que soit la légitimité des réclamations sur le pouvoir d’achat de certains, l’emploi demeure la mère des batailles pour tous.
Plus d’emplois, c’est moins de manques sociaux, plus de recettes publiques, donc de nouvelles marges de manœuvre pour diminuer la fiscalité, bref une augmentation collective, qui mécaniquement se traduira par l’amélioration individuelle de la situation de chacun. Aussi, chaque repli du chômage, si discret soit-il, doit être salué sans barguigner.
Bien que la crise sociale, le retard de la croissance, l’ascension des incertitudes sur le plan international, le taux de chômage continue, insensiblement mais certainement, de rompre. Sur les trois premiers mois de l’année, le nombre de quémandeurs d’emploi est retombé à 8,7 % de la masse active. A force de petits pas, la célèbre inversion de la courbe du chômage tant attendue par François Hollande commence à prendre forme. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le taux a reculé de 0,8 point, ce qui permet à la France de retrouver le niveau de chômage qu’elle avait avant que la crise de 2008 ne produise ses effets délétères.
Il y a beaucoup façons d’examiner la trajectoire. Si l’on compare la situation de la France avec celle de ses voisins européens, il n’y a pas de quoi embellir. Seuls trois d’entre eux – la Grèce, l’Espagne et l’Italie – font pire, la plupart étant revenus à une situation de plein-emploi, même si celle-ci a pour corollaire un accroissement de la précarité et des emplois légèrement rétribués. Résultat : le taux de chômage en France reste de deux points supérieur à la moyenne européenne.
Mais, à force de décourager que l’herbe soit plus verte chez les voisins, on finit par circuler à côté de l’essentiel : l’économie française, encore que ses impotences structurelles, fait preuve d’une résilience prometteuse.
Des visions bien conduites
D’abord, cela tient de la tautologie, mais, pour faire régresser le chômage, il faut reproduire des emplois. Et, dans cette propriété, les chiffres sont bons. Sur les neuf derniers mois, l’économie française a engendré 151 000 emplois, dont 64 000 depuis le début de l’année. Le retard de l’augmentation de la population active permet d’obtenir une croissance plus riche en emplois. Il faut s’en complimenter.
Ensuite, les visions restent bien menées. Les entreprises françaises envisagent 2,7 millions de d’embauches cette année. Mieux, cette dynamique porteuse n’est pas nécessairement synonyme de précarité. Les intentions d’enrôlement en contrat à durée indéterminée sont en hausse de 24 %, et celles à durée entreprenante de 8 %.
Finalement, les industriels, alors que le taux d’emploi des capacités de production est élevé et que les difficultés d’embauche sont à leur plus haut niveau depuis 2001, font témoignage d’optimisme en substance d’investissement, comme l’enseigne la dernière enquête de l’Insee. Dans le même temps, l’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers ne cesse de progresser.
Les handicaps de la France ne se gommeront pas en quelques mois. Certaines modifications engagées comme celle de l’apprentissage et de la réforme professionnelle, qui répliquent à ces épuisements structurelles, ne constitueront leurs effets qu’après plusieurs années. Mais les progrès accomplis ces derniers mois montrent qu’il n’y a aucune inexorabilité à ce que la France tourne enfin le dos à sa faveur pour le chômage.
Pour Jacqueline Cortes, avocate à la cour, « le harcèlement moral coûte très cher aux salariés qui en sont victimes, à la Sécurité sociale et, en cas de condamnation, aux entreprises, tant en termes financiers qu’en termes d’image. »
Question de droit social. Séparément de l’actualité du procès des suicides à France Télécom, le harcèlement moral au travail est un thème prud’homal quotidien. Durant le seul premier trimestre 2019, celui-ci a été repassé dans 84 décisions de cours d’appel et de Cassation.
Le code du travail n’explique cette notion que par ses effets dans l’article L 1 152-1 : « Aucun salarié ne doit subir les complots répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail irritable de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. »
La méthode du juge
Franchir la jurisprudence aide à saisir comment le juge du travail identifie ce harcèlement et quelles indemnités il peut octroyer au salarié. Il examine les éléments présentés par le salarié, apprécie si les faits sont matériellement établis et si, pris dans leur ensemble, ces faits admettent de présumer l’existence d’un harcèlement moral. Si c’est le cas, le juge apprécie alors si l’employeur prouve que les complots incriminés ne sont pas caractéristiques d’un harcèlement moral et que ses fins étaient justifiées par des éléments objectifs étrangers à tout harcèlement.
En cas de harcèlement entre salariés, le juge vérifie aussi si toutes les mesures ont été prises pour assurer la sécurité et défendre la santé physique et mentale des salariés, en respectant les principes généraux de prévention de l’article L4121-2 : « 7° Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel…, ainsi que ceux liés aux agissements sexistes… »
Sur douze conclusions du 29 mars 2019, la cour d’appel de Douai a condamné les employeurs à quatre fois. Ainsi en a-t-il été au profit d’une directrice de magasin ayant supporté des violences morales par la pugnacité incessante de sa directrice régionale. La cour relève l’existence d’un harcèlement issu « des méthodes de gestion mises en place au sein de la société », telles que la surcharge de travail imposée, l’obligation de travailler en dehors des horaires et l’inaction de l’employeur qui n’a pas mis en œuvre des mesures de protection et n’a rien fait pour remédier au problème lorsqu’il a été alerté sur l’état de fatigue physique et morale de l’intéressée (17/015638 Mme C/SA Du pareil au même).
Harcèlement moral encore admis dans le cas d’une télévendeuse acquittant d’un syndrome dépressif sévère, s’étant « vue rabaissée… par des critiques destinées manifestement… par des demandes d’accomplir… le ménage,… écartée des fonctions de responsable de plateau… déplacée et… écartée du reste de l’équipe, menacée à trois reprises… pour non-réalisation du chiffre d’affaires minimal et… cruellement dispensée d’exécuter le reste de son préavis » (17/005798 Mme O./SARL Pep’Diffusion).
Quelle indemnisation ?
Dans tous les cas, les employés ont obtenu des dommages et intérêts au charge du harcèlement moral, et/ou pour désobéissance de l’employeur à l’obligation de sécurité de résultat et de prévention.
Mais la sanction est plus lourde car, dans tous les cas, la séparation du contrat a été attribuée à l’employeur : suppression du congédiement, invalidation judiciaire du contrat, prise d’acte produisant les effets d’un congédiement sans cause réelle et sérieuse.
Les suites financières raisonnées par ces ruptures sur fond de harcèlement admis sont des punitions à payer les compensations de avertissement, de licenciement, et celle pour congédiement sans cause réelle et sérieuse.
Le harcèlement moral coûte donc très cher aux travailleurs qui en sont victimes, à la Sécurité sociale et, en cas de punition, aux entreprises, tant en termes financiers qu’en termes d’image.
Le président de la République a terminé, jeudi 16 mai, une « séquence » liée au digitale : comme en 2018 a été structurée une semaine d’événements bariolés sur le secteur technologique, ouverte vendredi 10 avec l’admission de Mark Zuckerberg par le président de la République, poursuivie mercredi 15 avec le sommet Tech for Good à l’Elysée, et close jeudi avec la prise de parole du chef de l’Etat au salon VivaTech. Mais, par rapport à l’année antérieure, l’exécutif a cherché à exposer qu’il accordait un peu plus de place aux entreprises françaises et européennes, et gardait un peu plus ses distances avec les géants américains comme Facebook ou Google.
La pondération des contenus haineux a été au centre des interactions avec les géants américains
Signe d’une légère transformation d’ambiance, les interactions avec les grandes entreprises du digitale américaines ont surtout eu lieu autour d’un thème qui leur vaut de plusieurs polémiques : les contenus haineux ou terroristes et leur modération. Vendredi a été remis le rapport de la mission effectuée par des régulateurs français chez Facebook, et mercredi a été déclenché l’« appel de Christchurch », créé en réponse au récent attentat en Nouvelle-Zélande et signé par plusieurs pays mais aussi par Facebook, Google, Twitter ou Amazon…
La normalisation des réseaux sociaux est un des thèmes que M. Macron a mis en avant pour les élections européennes. Et au dîner structuré mercredi soir à l’Elysée avec les différents acteurs de la semaine, un entrepreneur français a noté, dans la bouche des tempéraments politiques présentes, un « durcissement du discours sur les grands acteurs de la tech ».
Au sommet Tech for Good, dans lequel des sociétés actives dans le digitale sont nommées à prendre des promesses de responsabilité sociale, l’Elysée a choisi d’accorder plus de place aux firmes françaises, après que certaines ont affirmé des remarques. « Après l’édition 2018, nous avions appuyé que la recherche du Tech for Good ne pouvait se résumer à un face-à-face entre les autorités et les géants de la tech. Il existe tout un écosystème français de start-up qui crée des centaines d’emplois, qui résout des défis environnementaux et qui produit des champions internationaux », explique Nicolas Brien, directeur général de France Digitale, grande association de jeunes pousses. « On a 4 licornes en France, et les Etats-Unis 169 : il faut viser haut », a exhorté, à son arrivée à Tech for Good, Frédéric Mazzella, le créateur de Blablacar, l’une des ces entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars (895 millions d’euros).
« Une troisième voie » française
En 2018, des grandes firmes françaises comme Orange, BNP Paribas ou Sanofi avaient imploré de ne pas être assez mis en avant lors de Tech for Good, alors qu’on déroulait le tapis rouge aux sociétés américaines, convoquées à diriger les ateliers thématiques. A l’image d’Uber, controversée pour la gestion de ses chauffeurs, mais choisie pour animer le débat sur l’avenir du travail.
En 2019, chaque groupe de travail a été coprésidé par une entreprise française, aux côtés de son homologue international : IBM et BNP Paribas pour l’éducation, L’Oréal et Booking.com pour la différence, Uber et Orange pour le travail, Samsung et La Poste pour l’inclusion, Hewlett-Packard Enterprise et Engie pour l’environnement. Par ailleurs, l’Elysée note avoir, cette année, inclus 50 % de sociétés françaises parmi les adhérents, ce qui n’était pas le cas en 2018. Le nombre d’invités a, au passage, crû de 48 à 84.
L’environnement tech français est bien parti pour accéder un nouveau seuil de 5 milliards d’euros de levées fonds
Jeudi 16 mai, à VivaTech, le salon international des opérations de la digitale effectuée à Paris, Emmanuel Macron a aussi joué la carte locale, en se mettant en scène face à des start-up françaises (Frichti et OpenClassrooms) et européennes (TransferWise, UiPath, Vinted). Dans un jeu de questions-réponses avec les cinq entrepreneurs, et devant un auditoire de 5 000 personnes, le chef de l’Etat a vanté le dynamisme de l’écosystème tech tricolore, bien parti pour accéder un nouveau seuil de 5 milliards d’euros de levées de fonds en 2019 contre 3,5 milliards un an plus tôt.
Le président de la République a aussi réservé quelques piques aux modèles de la Chine, « stato-centré », et des Etats-Unis, « piloté par des grands acteurs privés ». Il a défendu pour « une troisième voie » européenne : « L’Europe peut devenir un leader mondial », a-t-il lancé, encourageant un public favorable à « ne pas avoir un discours défensif mais conquérant ».
L’Elysée « très satisfait »
En avant-propos à cette assistance, une table ronde a réuni les dirigeants des entreprises ayant présidé les ateliers de Tech for Good, modérée par Maurice Lévy, le président du conseil de surveillance de Publicis, co-organisateur du sommet et de VivaTech (avec Les Echos). De son côté, l’Elysée s’affirme « très satisfait » du bilan des engagements pris en 2018 : IBM a créé 1 000 des 1 800 emplois promis d’ici 2020, Google a arbitré 3 millions d’euros à des associations dédiées à l’emploi en France…
Cette année, de nouvelles promesses ont été pris à Tech for Good : 44 entreprises ont ainsi fait le vœu d’installer 30 % de femmes à des postes de management ou de direction d’ici à 2022. Quatorze autres – Uber, Orange, RATP, Deliveroo, Google… – ont mis en place un repère commun identifiant et valorisant les compétences non techniques (accueil, travail en équipe, etc.) des salariés afin de faciliter leur mobilité professionnelle. Un chauffeur Uber pourrait ainsi espérer trouver un emploi dans le métro parisien, développe-t-on.
Au-delà des raideurs entre acteurs tricolores et géants américains, certains ont noté la mise en avant, cette année, de plusieurs dirigeants de sociétés chinoises, dont Jack Ma, le médiatique patron d’Alibaba, présent à Tech for Good et gratifié d’un tête-à-tête avec M. Macron. « Les plates-formes chinoises ne doivent pas être vues seulement comme des barbares qui nous envahissent, ils portent des occasions. Nous ne sommes pas naïfs mais pas manichéens », a éclairci le secrétaire d’Etat au digitale, Cédric O, ex-conseiller du président de la République.
Durant la 3e édition des Journées de la sécurité routière au travail qui se déroulent du 13 au 17 mai, des sociétés se mobilisent pour sensibiliser leurs salariés aux dangers du volant. Les employeurs se montrent encore peu conscients des risques qui soupèsent sur leurs salariés et sur eux-mêmes en cas d’accident de la route.
Avec près de 500 morts en 2018, les accidents routiers sont la première cause d’accident mortel au travail. C’est ce constat dramatique qui a mené la Sécurité routière à arranger les « Journées de la sécurité routière au travail », dont la troisième édition se tient cette année du 13 au 17 mai. A cette occasion, les entreprises sont encouragées à mener des actions de sensibilisation au risque routier auprès de leurs salariés.
« Nos collaborateurs techniciens sont en constance sur la route pour se rendre chez nos clients ; il nous semblait indispensable de mettre en place une sensibilisation aux dangers de la conduite », explique Christophe Gratadeix, directeur de Sioule Sancy Incendie. Spécialisée dans la sécurité incendie, cette petite entreprise sise dans le Puy-de-Dôme a normalement répondu à l’appel.
Guidée par des interlocuteurs de la sécurité routière, l’entreprise a structuré une journée d’échanges et d’ateliers éducatifs autour des dangers de la route pour l’ensemble de ses travailleurs. Le sujet dépasse amplement le cadre des accidents du travail : au total, 40 % des accidents de la route corporels impliquent un usager effectuant un déplacement professionnel. La vitesse exagérée reste la principale cause d’accidents mortels, suivie par l’alcool et le non-respect des règles de priorité.
L’imputation des entreprises reste marginale
« L’une des premières causes d’accident en voiture, selon moi, c’est le téléphone portable », estime de son côté Guillaume Milert, directeur du centre d’appels Ceacom, implanté au Havre. Plusieurs collaborateurs de cette entreprise ont été victimes ou ont vu un membre de leur famille affecté par un accident de la route, ce qui a encouragé Ceacom à se mobiliser à l’occasion des Journées de la sécurité routière.
Pour sensibiliser ses travailleurs aux dangers du volant, l’entreprise a utilisé les grands moyens. Ceacom a fait venir cette année une voiture tonneau simulateur de retournement, pour rappeler l’importance du port de la ceinture. Elle a aussi mis à disposition des salariés des lunettes de simulation d’alcoolémie. « Beaucoup me disent qu’ils ne se rendaient pas compte du danger », constate Guillaume Milert.
L’accusation des entreprises en matière de sécurité routière semble encore marginale. Selon un sondage accompli par l’IFOP pour MMA à l’occasion des Journées de la sécurité routière, uniquement 16 % des patrons de TPE-PME ont mis en place des actions de protection auprès de leurs salariés. La plupart semblent peu conscients du risque routier et de leur propre implication face à celui-ci.
Six mois de crise des « gilets jaunes » et de concentration sur le pouvoir d’achat des Français ont presque fait circuler au second plan l’un des primordiaux maux de notre pays : le chômage de masse. Quelle que soit la légitimité des réclamations sur le pouvoir d’achat de certains, l’emploi demeure la mère des batailles pour tous.
Plus d’emplois, c’est moins de manques sociaux, plus de recettes publiques, donc de nouvelles marges de manœuvre pour diminuer la fiscalité, bref une augmentation collective, qui mécaniquement se traduira par l’amélioration individuelle de la situation de chacun. Aussi, chaque repli du chômage, si discret soit-il, doit être salué sans barguigner.
Bien que la crise sociale, le retard de la croissance, l’ascension des incertitudes sur le plan international, le taux de chômage continue, insensiblement mais certainement, de rompre. Sur les trois premiers mois de l’année, le nombre de quémandeurs d’emploi est retombé à 8,7 % de la masse active. A force de petits pas, la célèbre inversion de la courbe du chômage tant attendue par François Hollande commence à prendre forme. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le taux a reculé de 0,8 point, ce qui permet à la France de retrouver le niveau de chômage qu’elle avait avant que la crise de 2008 ne produise ses effets délétères.
Il y a beaucoup façons d’examiner la trajectoire. Si l’on compare la situation de la France avec celle de ses voisins européens, il n’y a pas de quoi embellir. Seuls trois d’entre eux – la Grèce, l’Espagne et l’Italie – font pire, la plupart étant revenus à une situation de plein-emploi, même si celle-ci a pour corollaire un accroissement de la précarité et des emplois légèrement rétribués. Résultat : le taux de chômage en France reste de deux points supérieur à la moyenne européenne.
Mais, à force de décourager que l’herbe soit plus verte chez les voisins, on finit par circuler à côté de l’essentiel : l’économie française, encore que ses impotences structurelles, fait preuve d’une résilience prometteuse.
Des visions bien conduites
D’abord, cela tient de la tautologie, mais, pour faire régresser le chômage, il faut reproduire des emplois. Et, dans cette propriété, les chiffres sont bons. Sur les neuf derniers mois, l’économie française a engendré 151 000 emplois, dont 64 000 depuis le début de l’année. Le retard de l’augmentation de la population active permet d’obtenir une croissance plus riche en emplois. Il faut s’en complimenter.
Ensuite, les visions restent bien menées. Les entreprises françaises envisagent 2,7 millions de d’embauches cette année. Mieux, cette dynamique porteuse n’est pas nécessairement synonyme de précarité. Les intentions d’enrôlement en contrat à durée indéterminée sont en hausse de 24 %, et celles à durée entreprenante de 8 %.
Finalement, les industriels, alors que le taux d’emploi des capacités de production est élevé et que les difficultés d’embauche sont à leur plus haut niveau depuis 2001, font témoignage d’optimisme en substance d’investissement, comme l’enseigne la dernière enquête de l’Insee. Dans le même temps, l’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers ne cesse de progresser.
Les handicaps de la France ne se gommeront pas en quelques mois. Certaines modifications engagées comme celle de l’apprentissage et de la réforme professionnelle, qui répliquent à ces épuisements structurelles, ne constitueront leurs effets qu’après plusieurs années. Mais les progrès accomplis ces derniers mois montrent qu’il n’y a aucune inexorabilité à ce que la France tourne enfin le dos à sa faveur pour le chômage.