Fin du numerus clausus en médecine 

Les annonces gouvernementales ne affirmassent pas que le nombre de médecins formés va bien aggraver ni que la question des déserts médicaux sera décidée.

A la rentrée 2020, presque cinquante ans après sa conception, le numerus clausus aura évidemment disparu. Cette suppression, enseignée par le chef de l’Etat en septembre 2018 et choisie lundi 3 juin lors de l’examen de la loi santé au Sénat, doit mettre fin au gâchis humain d’une première année de médecine ultra-sélective, la Paces, où plus des trois quarts des quelque 60 000 inscrits échouent à décrocher une place dans les filières médicales. Elle doit aussi collaborer à dénouer la carence de médecins.

Mais cette promesse extraordinaire pourrait éveiller quelques déceptions. La commission des affaires sociales du Sénat a déjà mis en garde contre une « communication gouvernementale potentiellement trompeuse quant à la suppression du numerus clausus et à ses conséquences ». Et dans le monde universitaire et médical, l’affaire semble expérimentée, jusque dans les rangs feutrés des doyens de faculté de médecine : cette « suppression » du numerus clausus serait en réalité amplement en trompe-l’œil.

Pourquoi une telle suspicion envers une mesure pourtant amplement saluée ? Certes, le nombre de places ouvertes dans les filières des études de santé (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie) ne sera plus établi par l’Etat pour chacune des trente-sept facultés françaises (13 523, dont 8 205 en médecine à la rentrée 2018). Mais il restera : aux universités désormais de fixer ce contingentement, en fonction de leurs capacités de formation et des besoins de santé du territoire, « sur avis conforme de l’agence régionale de santé [ARS] », et au regard « d’objectifs nationaux pluriannuels relatifs au nombre de professionnels à former établis par l’Etat ». Il y aura donc toujours un chiffre couperet.

« On va avoir une forte désillusion »

Si la transformation apparaît comme source d’une plus grande souplesse, difficile en revanche d’y voir un changement. « On laisse croire qu’on va ouvrir les vannes pour rejoindre les études médicales, que ça va être “open bar”, alors que ce ne sera pas du tout le cas », pointe un universitaire.

Le chef de l’Etat a beau annoncer qu’« il n’y aura plus de concours à la fin de la première année », des épreuves sélectives – en cours de définition, elles seront précisées par décret – viendront le remplacer. Au même temps, la Paces, première année aboutissant à ces épreuves, elle aussi enseignée comme « supprimée », va persister dans une version proche, même si des voies alternatives vont monter en force.

Des outils pour perfectionner votre anglais

Un vendredi sur deux, « La Matinale » vous conduit dans votre vie branchée. Actuellement, des idées pour se restituer sans s’accabler à parler « english », que l’on soit beaucoup, moyennement ou juste un peu rongé.

LA LISTE DE LA MATINALE

Depuis quelque temps, ce truc qui vous servait de muscle pour apprendre l’anglais a pris la forme d’un mollusque inquiet. Vous avez baissé les bras, lâché le combat, faute d’exercices réguliers. On compatit : le nôtre ne valait guère mieux avant la préparation de cette liste forte utile.

Vous avez la conséquence que vos verbes irréguliers restent enfouis six pieds sous terre ? Certes. Mais la reprise de l’entraînement peut être à la fois simple, ludique et même gratuite. Dans l’infinité du Web, vous n’imaginez pas tout ce qui subsiste et vous tend les bras. Parce que oui, les temps ont modifié depuis vos années collège avec Mr Smith. Podcasts, sous-titres intelligents, précautions en tout genre (avec de l’hypnose ou des voies virtuelles) : tous les moyens sont bons pour se rétablir à l’anglais sans trop suer.

On a testé une large subdivision de ressources digitales, avec le sentiment d’avoir repris confiance et de s’être bien désencrassé les english neurones. Une bonne fois pour toutes, vous allez pouvoir arranger votre voyage en terre anglophone. Envoyer votre candidature à ce poste convoité. Oser reprendre Mariah Carey pour la chorale de fin d’année. [Ici, ajoutez tout ce que vous voudrez.]

Selon l’abondance de vos objectifs, on vous laisse le choix entre la dose homéopathique, sans forcer depuis votre canapé ; la reprise en douceur mais appliquée ; et la version forte si vous êtes prêt à soulever de la fonte pour enfin dire adieu à ce mollusque ridicule. L’idéal étant, bien sûr, de mixer les trois options à l’envi.1

L’option « light » : le b.a-ba.

Quelques minutes par jour, dans le métro ou une salle d’attente, plus salutaire que Candy Crush, vous pourriez choisir pour l’application Duolingo, probablement l’une des plus connues dans le domaine des langues.

Vous choisissez votre objectif au départ : combien de temps êtes-vous prêt à dédier journellement à Duo, le hibou vert ? Et dans quel but : voyage ou entraînement cérébral ? Addictif et moins accusant qu’une soirée à geeker sur les réseaux sociaux, ce petit jeu est certes enfantin mais il a le mérite de remettre le pied à l’étrier. Avec un système de vies à gagner, on touche à tout : vocabulaire, grammaire, articulation, compréhension orale, etc. A chaque unité apprise, autour des animaux ou du pronom personnel objet, le niveau augmente et les messages d’assistances se multiplient : « Tu es un perfectionniste ! », nous déclare Duo. On va finir par rougir.

Bic va suspendre 450 postes partout dans le monde

La société française de stylos, briquets et rasoirs jetables va créer au même temps 400 postes dans les nouveaux métiers du digital, dont une quarantaine à Clichy et près de deux cents en Bulgarie.

Au total, le groupe compte actuellement 13 600 salariés dans le monde, dont 1 800 en France.
Au total, le groupe compte actuellement 13 600 salariés dans le monde, dont 1 800 en France. ERIC PIERMONT / AFP

Le groupe français des stylos, rasoirs et briquet Bic a déclaré jeudi 6 juin son intention de suspendre environ 450 postes dans le monde, principalement dans ses fonctions administratives, tout en créant 400 nouveaux postes dans les nouveaux métiers du digital.

Les suspensions de postes doivent initier à partir de la fin de 2019, après une procédure d’information-consultation du personnel, et s’échelonneront jusqu’en 2022. Elles vont surtout concerner une centaine de salariés du siège social à Clichy (Hauts-de-Seine), qui en comprend en ce moment quatre cents, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) Sophie Palliez-Capian, directrice des relations extérieures du groupe.

Objectif affiché : se rapprocher davantage de ses clients

Du côté des emplois créés, « une quarantaine » le seront à Clichy. Mais le gros des créations d’emplois – près de deux cents –, qui devraient être faites au même temps des suppressions, sera réalisé à Sofia, en Bulgarie, où un centre de services pour le groupe va être installé, a-t-elle ajouté. Au total, le groupe compte en ce moment 13 600 travailleurs dans le monde, dont 1 800 en France. Ses usines ne seront pas concernées par cette valse d’effectifs.

Ces nouveaux emplois intéresse des profils recherchés par le groupe dans le cadre d’un plan de changement de ses activités à l’horizon 2022 présenté en début d’année, visant à gagner en efficacité et à se rapprocher davantage de ses consommateurs finaux, par le biais surtout des nouvelles technologies. Bic va ainsi recruter « des data scientists [analystes de données], des spécialistes du marketing numérique et du e-commerce », a déclaré Mme Palliez-Capian.

Plusieurs autres mesures au niveau de la production et du développement des produits devraient porter au total de 45 millions d’euros les économies annuelles du groupe à partir de la fin de 2022, contre 20 millions d’euros déclaré jusque-là, assure le communiqué.

Bic n’a en revanche pas chiffré pour le moment la répercutions de ces mesures sur sa rentabilité à court terme. Le groupe anticipe déjà un nouveau déclin de sa rentabilité cette année, en raison surtout du renchérissement des matières premières, d’effets de change défavorables et de la hausse de ses coûts de production liée à la baisse de ses volumes de ventes.

Les urgentistes en colère manifestent à Paris

Parmi les pancartes, on pouvait notamment lire : « Pas de répit, trop de mépris ».
Parmi les pancartes, on pouvait notamment lire : « Pas de répit, trop de mépris ». AURORE MESENGE / AFP

Ils sont parvenus de Valence, de Bordeaux, d’Angers ou des hôpitaux parisiens. Après des semaines arrivées à faire grève munis d’un simple brassard dans leur service, quelques centaines de soignants se sont réuni à Paris pour faire comprendre leur colère, jeudi 6 juin. « Une fois ma journée terminée, changée, je baisse la tête dans les couloirs, j’ai honte devant les patients », lamente Vanessa, depuis huit ans aux urgences de Brest, et en grève depuis le 13 mai. Elle qualifie son travail d’une phrase : « A force d’être maltraités, on devient maltraitants. »

Ce cortège de blouses blanches circulait à Paris à l’initiative du collectif Inter-Urgences, qui sollicite une hausse de 300 euros net des salaires, des augmentation d’effectif et une meilleure sécurisation des locaux. C’est à la suite d’une série d’agressions en mars à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) que les premières grèves avaient été lancées, suivies depuis dans plus de 80 établissements en France, selon le collectif. Partis de Montparnasse vers 14 heures, les manifestants ont rejoint le ministère de la santé, où une délégation a été reçue dans l’après-midi.

Des mesures jugées « insuffisantes »

Jeudi matin, avant d’acquérir la délégation, la ministre Agnès Buzyn avait annoncé la proclamation d’une grande mission de « refondation » des services d’urgence, consciente de la « colère » et du « découragement » du personnel de ces services. Celle-ci devra aboutir à un rapport à l’automne, à l’issue d’une concertation enfermant médecins et paramédicaux. Mme Buzyn a aussi convoité, sans donner de chiffre ni annoncer de budget supplémentaire, « que l’on accompagne sur un plan financier, plus directement et plus instinctivement, les établissements qui font face à un surcroît d’activité et à des afflux exceptionnels ». Autant de mesures jugées « insuffisantes » par le collectif.

A côté de Vanessa, l’urgentiste de Brest, Tanguy regrette ainsi des soins complètement « déshumanisés ». Lui non plus n’accordera pas son nom de famille, après que « les ressources humaines [RH] en ont convoqué certains qui avaient parlé à la presse ». Infirmier depuis cinq ans dans le service des urgences de Brest, il y était entré six mois après l’école. Il avait alors « la frousse », se souvient-il. « Mais aujourd’hui, je ne vois pas ce que je ferais d’autre, je suis amoureux de mon boulot », tient-il à préciser, malgré la décadence de ses conditions de travail. Ils sont nombreux, comme lui, à avoir choisi les urgences en sortie d’école, attirés par la diversité des pathologies et l’expérience qu’ils pourraient en tirer. Beaucoup assurent cependant que les conditions de travail rendent le recrutement de plus en plus difficile.

« Ces conditions de travail, ça dissuade »

Au milieu du slogan « Urgences en colère, y en a marre de la galère » débuté par la foule, deux jeunes étudiants en médecine arrivent défiler par « solidarité ». « En allant à mon stage, je voyais les banderoles du service en grève, déclare Axel, en cinquième année d’externat à Paris. J’étais obligé de venir, pour les gens que j’ai rencontrés là-bas. » Avec Jordi, ils pensent à devenir urgentistes. « Mais ces conditions de travail, ça dissuade. Il y a 30 % de turnover dans ces services, les gens arrêtent. » Et son ami d’attester : « On vient à la manifestation pour qu’il y ait des meilleures conditions

Un peu plus loin, une dizaine d’infirmières et d’aides-soignantes des urgences pédiatriques de l’hôpital Necker, à Paris, déclarent. « Je ne suis pas encore titulaire », se justifie Chloé (son prénom a également été changé), 24 ans. Sortie d’école d’infirmière il y a dix mois, elle était de garde cette nuit, avant de venir circuler en blouse verte : « Il y a de plus en plus d’enfants aux urgences, les parents sont anxieux, on prend du temps pour les rassurer, mais ce n’est pas suffisant, nous ne sommes pas assez nombreux. »

« Les jeunes sont jetés dans la fosse aux lions ! »

Dans son service, assure sa collègue Odile, il y a sept postes non pourvus, sans parler du non-remplacement des congés maternité. « Soit tu changes de service, soit tu vas élever des moutons sur le plateau du Larzac », récapitule Inès Gay, 28 ans, infirmière à Lariboisière (Paris) depuis quatre ans et membre de l’Inter-Urgences. « Les jeunes diplômés subissent aussi les conditions de travail très difficiles, on ne peut pas toujours doubler les postes pour les former, ils sont jetés dans la fosse aux lions ! »

Maquillée de blanc, du faux sang autour des yeux, la jeune soignante lamente le turnover qui, lui aussi, abaisse les soins. « Les jeunes sont indépendants au bout de deux ans, mais les soignants dans ces services, c’est à peine plus ! Je ne sais pas comment font ceux qui y restent dix ou quinze ans. »

 

Entre 270 et 390 cessions de postes d’emploi à Radio France

Le projet stratégique « Radio France 2022 » de la présidente Sibyle Veil file par des économies de 60 millions d’euros dans une conjoncture de diminution des ressources de l’Etat.

Le siège de Radio France, à Paris, le 1er juin.
Le siège de Radio France, à Paris, le 1er juin. FRANCOIS GUILLOT / AFP
Depuis lundi 3 juin, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, s’était bien conservée d’avancer les chiffres qui fâchent, en exposant son projet stratégique consacré à moderniser l’entreprise publique d’ici 2022, à la fois devant le conseil d’administration et aux organisations syndicales. Elle avait accentué sur son ambition et sa volonté de modifier l’entreprise, tout en garantissant que si rien n’était fait, « avec la baisse de la dotation de l’Etat (…), nous aurons un déficit de 40 millions d’euros d’ici à 2022 ». Sans entrer dans les détails.

Mais, jeudi 6 juin, à l’ouverture des premiers débats sur l’accord de méthode composé à jeter les bases des négociations qu’elle convoite terminer en décembre, Mme Veil a fini par s’y résoudre : entre 270 et 390 suppressions de postes sur un effectif total de 4 600 personnes, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ). « La fourchette haute, c’est si on dit non à tout, la fourchette basse c’est si on dit oui à tout », a dit Valeria Emanuele, déléguée SNJ, qui estime que l’accord de méthode, « au nom de la responsabilité sociale partagée », se développe « entre verbiage – on nous a donné une quinzaine de pages à lire – et chantage ».

Selon le SNJ, « pour couper 25 millions dans les charges de personnel, la direction veut, en fait, supprimer 390 postes » et embaucher 50 personnes. « Quant à la fourchette basse, c’est 270 postes si nous acceptons collectivement la suppression d’une partie de nos congés », mentionne le syndicat dans un communiqué diffusé à la mi-journée. Soit entre sept à douze jours suivant les métiers.

L’intersyndicale devait arranger une assemblée générale à partir de 13 heures, ce jeudi.

 

Renault-Fiat Chrysler : des responsables déstabilisés et constamment en recherche d’un avenir

Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, lors d’une conférence de presse avec les partenaires nippons de l’Alliance, à Yokohama (Japon), le 12 mars.
Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, lors d’une conférence de presse avec les partenaires nippons de l’Alliance, à Yokohama (Japon), le 12 mars. Kim Kyung Hoon / REUTERS

L’échec de l’union est un coup rude porté à Jean-Dominique Senard, le tout nouveau président du groupe au losange, et à John Elkann, patron de FCA.

L’union entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) n’aura pas lieu. Du moins, pas tout de suite. L’Etat désirant l’accord explicite de Nissan, il a sollicité du temps pour statuer sur l’offre de fusion de FCA, mais l’italo-américain n’a pas sollicité lui octroyer de délai additionnel. Pour l’heure, ce « no-deal » est un coup strict porté à Jean-Dominique Senard, le tout nouveau président de Renault.

Lui qui désirait imprimer sa marque sur l’ex-Régie et lui octroyer un projet d’avenir, en parallèle de la coalition avec Nissan, maintenant engluée dans les suites de l’affaire Ghosn, a été nettement désavoué. « Il ressort fragilisé, confirme un observateur du dossier. Cependant, l’Etat lui demande de rester. Aussitôt, il faut laisser un peu de temps au temps. »

« Vous connaissez beaucoup de présidents qui débarquent dans une nouvelle boîte et qui essaient de forcer une fusion avec leur partenaire puis qui essaient d’en trouver un autre en quelques semaines ? Alors qu’ils ne connaissent rien à l’entreprise, rien au produit et rien aux équipes ? », s’étonne un bon connaisseur du groupe au losange.

Se réunir avec Nissan

« Il a fait cavalier seul sur le dossier FCA et n’a pas vraiment joué franc jeu avec l’Etat sur l’accord ou non de Nissan, constate une source au fait du dossier. Son départ n’est cependant pas souhaité. Ajouter une crise de gouvernance à la situation du constructeur ne réglera rien aujourd’hui. »

Au-delà de M. Senard, le fabricant français doit continuellement répondre, dans l’immédiat, à ses propres pénuries. Si le constructeur dégage aujourd’hui des bénéfices, il doit préparer la grande vague d’investissements à venir pour développer ses prochaines gammes électriques et connectées. Dans son opinion, l’Etat souhaite que « Renault, au sein de l’Alliance, détient l’ensemble des atouts pour relever les défis auxquels fait face le secteur de l’automobile, notamment en matière de véhicule électrique et de réduction des émissions ».

Avant de tenter un nouveau partenaire, le fabricant français devra sans doute d’abord renouer le fil avec son associé Nissan. Alors qu’elle convoitait hâter au printemps une fusion avec son allié nippon, l’ex-Régie doit aussitôt exposer plus de patience pour remettre sur les rails leur coopération industrielle et poursuivre ainsi les synergies industrielles et financières, qui restent actuellement plus encourageantes qu’une éventuelle fusion.

Ministre du travail : « Nous devons garantir à tous le respect des droits fondamentaux au travail »

La ministre du travail Muriel Pénicaud à l’Assemblée nationale, le 29 mai.
La ministre du travail Muriel Pénicaud à l’Assemblée nationale, le 29 mai. FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le  G7 social, qui nécessitait s’assembler à Paris les 6 et 7 juin, doit être l’occasion d’affirmer qu’il ne peut y avoir de mondialisation bénéfique sans justice sociale, déclare la ministre du travail, hôte de ce sommet.

Le 26 mai, les citoyens européens se sont appelés pour élire leurs délégués. Les résultats de ce vote nous appellent à bâtir une Europe plus juste et plus attentionnée de l’environnement, une Europe ouverte qui protège ses ressortissants et qui porte avec force ses valeurs universelles de rénovation et de justice sociale dans l’universalisation.

Ce message dépasse les frontières de l’Union européenne (UE). Il y a une semaine précisément, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est réuni à Aix-la-Chapelle le prix Charlemagne [qui récompense chaque année « la plus précieuse contribution à l’entente en Europe de l’Ouest »]. Il accentuait à cette occasion à quel point les Nations unies avaient besoin d’une Europe forte et unie pour défendre un ordre international réalisé sur la coopération.

Car nous devons en faire le constat avec lucidité : face aux inégalités profondes dans la mondialisation, face aux conséquences lourdes de la transformation climatique, les tendances au repli sur soi des peuples et des nations se renforcent partout. Elles pointent un problème, mais ne sont pas la solution. Ma conviction est que le modèle économique mondial n’est pas durable s’il ne prend pas en compte ses conséquences sociales et environnementales. Un modèle centré sur la seule performance financière entraînerait l’augmentation des inégalités, le protectionnisme, le nationalisme et les conflits.

Une régulation sociale de l’universalisation

Comment rétablir la confiance dans les institutions politiques qui sous-tendent nos sociétés démocratiques quand plus d’un laborieux sur deux se trouve dans l’économie informelle ? Quand plus de la moitié de la population mondiale ne profite pas d’une protection sociale appropriée ? Quand près de 25 millions de personnes, généralement des femmes, sont encore de nos jours cibles de travail forcé et quand plus de 150 millions d’enfants sont astreints au travail ?

Le multilatéralisme doit prouver sa capacité à encourager la régulation sociale de la mondialisation pour qu’elle ne laisse personne au bord du chemin. Nous devons garantir à tous les citoyens du monde la séparation sur leur lieu de travail par le respect de leurs droits fondamentaux. Qu’il s’agisse du droit d’association et de tractation collective des travailleurs ou du principe de non-discrimination entre les femmes et les hommes, de la disqualification de la violence et du harcèlement, de l’interdiction du travail forcé et du travail des enfants, de garanties de conditions de travail décentes ou de salaire équitable, les normes internationales du travail participent à installer des règles sociales communes visant à garantir un avenir meilleur à tous.

Grève des urgences : le gouvernement s’incline

La ministre de la santé, déclare la création d’une mission pour préparer une « stratégie d’ensemble ». Infirmiers et aides-soignants expriment, jeudi, à Paris pour révoquer leurs conditions de travail.

Face au mouvement de grève qui touche d’embraser l’ensemble des services d’accueil des urgences (SAU) du pays, le gouvernement changement de ton. Dénoncée ces dernières semaines de n’avoir pas modéré l’ampleur du malaise et de l’épuisement des soignants qui y travaillent, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a éclatant, jeudi 6 juin, au séminaires des urgentistes, à Paris, leur « détresse ». « Le quotidien est devenu intolérable pour beaucoup d’entre vous », a-t-elle admis, ajoutant : « Ces difficultés, je ne les regarde pas avec une distance froide de gestionnaire. »

A quelques heures d’une manifestation mélangeant à Paris des infirmiers et des aides-soignants venus des quelque 80 services en grève à travers toute la France, la ministre a éclairci l’annonce d’une mission nationale chargée de préparer une « stratégie d’ensemble » pour « adapter nos urgences aux nouveaux besoins de santé ». Sans donner de montant chiffré, elle a également demandé aux agences régionales de santé d’apporter « plus directement et plus spontanément » leur appui financier aux hôpitaux « qui font face à un surcroît d’activité et à des afflux exceptionnels ».

« Prime sécurité » formée

Mme Buzyn a pareillement fait un geste en direction des soignants en grève qui sollicitent une hausse de salaire de 300 euros net mensuel. Elle a fait part de son souhait que la « prime sécurité » soit élevée « partout où cela est justifié ». Certains personnels des urgences touchent déjà en partie cette prime forfaitaire de risque d’un montant de 97,69 euros brut par mois. « Cette prime n’est pas portée partout à son juste niveau, des différences subsistent entre hôpitaux pour des situations pourtant analogues », a fait valoir la ministre.

Après avoir dernièrement assuré qu’elle n’avait pas de « solution miracle » pour les urgences, surtout pour dénouer la pénurie de médecins, Mme Buzyn a donc lâché un peu de lest, tout en veillant à ne pas susciter les demandes des personnels d’autres services. La veille, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, avait assuré les soignants des urgences « de toute la solidarité du gouvernement », et avait dit « comprendre (…) ce qu’est leur colère, parfois leur désespoir ». L’ordre des médecins avait, lui, appelé à la tenue d’une « concertation d’urgence », la « souffrance » des professionnels de santé « face aux conditions de travail actuelles » devant être « entendue ».

La MAIF veut être le premier grand groupe à modifier de statut depuis l’adoption de la loi Pacte

« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise »
« La nouvelle société à mission vise donc à développer la « singularité » de la MAIF, pour faire « rempart à la concurrence » mais aussi pour convaincre du bien-fondé de la responsabilité politique de l’entreprise » Nathan Alliard / Photononstop

Le concessionnaire mutualiste a exposé, samedi 1er juin, lors de son assemblée générale annuelle, sa volonté de devenir « société à mission », en rempart contre les GAFA.

Pot de terre contre pot de fer ? La MAIF mise sur le gain général pour faire bouclier aux GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon). Retirant les ordres du rapport de Nicole Notat et de Jean-Dominique Senard « L’entreprise, objet d’intérêt collectif », remis au gouvernement en mars 2018, la loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), annoncé le 23 mai au Journal officiel, a créé la « société à mission », qui admet d’inscrire dans les statuts de l’entreprise des missions d’intérêt général (social et environnemental).

La MAIF a résolu, dès cette année, d’opter le statut de société à mission, qui concernera l’ensemble du groupe en 2020. Elle en a exposé le projet à ses sociétaires lors de son assemblée générale du 1er juin à Nantes, avec son nouveau logo ainsi que sa nouvelle « raison d’être ».

Pour s’emporter du titre de « société à mission », la loi Pacte exige en effet des entreprises de préciser leur « raison d’être ». C’est l’occasion pour toute entreprise de systématiser son identité en une formule qui tient du credo ou du slogan, pour cadrer à la fois la stratégie de long terme et les missions du quotidien. « En un an, la “raison d’être” est devenue le truc à la mode, mentionne Bertrand Valiorgue, cofondateur de la chaire altergouvernance de l’université Clermont-Auvergne. C’est en 2020, après l’étape d’expérimentation de 2019, qu’on verra quelles entreprises l’auront réellement inscrite dans leurs statuts. »

La « raison d’être » de la MAIF s’énonce en ces termes : « Convaincus que seule une attention sincère soutenue à l’autre et au monde admet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos promesses et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être. » Le directeur général, Pascal Demurger, à la tête du groupe depuis dix ans, développe plus parfaitement pourquoi et comment il veut faire de l’« intérêt général » un atout compétitif face aux géants de la rupture numérique.

Se démarquer de la concurrence

« La rupture digitale n’a pas encore eu lieu dans le secteur de l’assurance. Mais elle est devant nous. L’arrivée d’un Amazon, d’un Alibaba ou d’un Google comme assureur de plein exercice est très probable. Par leur capacité inégalée de collecte et de traitement de données de santé et de mode de vie, ils ont une puissance commerciale gigantesque et une puissance financière qui leur permet de faire du dumping tarifaire suffisamment longtemps pour s’imposer, et rapidement, explique-t-il. La MAIF, malgré ses 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, n’est que le cinquième assureur français », déclare-t-il, pour amasser la place du groupe dans la rivalité mondiale.

Problèmes des laborieux « ubérisés » en débat à l’Assemblée

Lors du débat du projet de loi mobilités, les députés vont approcher la question de l’encadrement des travailleurs des plates-formes digitales.

Initiés, depuis lundi 3 juin, dans l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), les parlementaires sont sur le point d’avancer un des points les plus sensibles du texte : les règles adéquates aux travailleurs des plates-formes numériques. Cette nouvelle catégorie d’actifs est au cœur des débats car elle questionne les fondements de notre modèle social, adossé – en très grande partie – au salariat.

Il y a plus d’un an, le gouvernement, avec l’aide de sa majorité parlementaire, avait intié la réflexion sur le sujet en ayant deux inquiétudes en tête : renforcer la protection des personnes exerçant une telle activité et sécuriser juridiquement les entreprises qui font appel à cette « main-d’œuvre 2.0 ». Des résultats parviennent d’être trouvés mais une partie des députés macronistes, à l’aile gauche du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée, aimerait aller plus loin.

Développement scruté avec inquiétude

Le débat qui va s’ouvrir en séance au Palais-Bourbon porte sur une frange d’actifs établis dans une sorte de zone grise, du point de vue du droit. Qu’ils soient chauffeurs ou livreurs à vélo, beaucoup d’entre eux soignent du régime du microentrepreneur, pour lequel il existe une « présomption de non-salariat » : ils sont donc, de prime abord, digérés à des indépendants et non éligibles à la couverture sociale offerte à un salarié lambda. De son côté, la plate-forme, qui appointe « son » travailleur en contrepartie du service fourni à un client, est assujettie à des prélèvements moins lourds qu’une société dont le personnel est salarié.

Figuré par le succès d’Uber – à tel point que l’on parle aussitôt de « travailleurs ubérisés » –, le développement de cet écosystème est scruté avec inquiétude. Les syndicats y voient le début de la décomposition du salariat et des garanties qui y sont associées (Sécurité sociale, assurance-chômage…). Et une partie du patronat peste aussi, pour d’autres motifs : en l’occurrence, la concurrence, jugée déloyale, que ces plates-formes formeraient au préjudice des acteurs de la « vieille économie ».

Dans certains cas, des litigieux ont éclaté, à l’initiative d’ubérisés qui ont demandé à la justice de requalifier en contrat de travail leur relation avec les plates-formes. Quelques-uns ont réussi gain de cause, grâce à deux décisions récentes, de la Cour de cassation et de la cour d’appel de Paris. Du coup, les grandes enseignes – telles qu’Uber, Deliveroo, etc. – cueillent que leur modèle économique soit jeté à terre par la jurisprudence.