« On ne peut pas se permettre de tomber dans l’immobilisme » : syndicats et responsables patronaux craignent une paralysie politique
Ni les travailleurs ni les entreprises n’ont envie de faire les frais d’un gouvernement qui serait réduit à l’impuissance. Après le second tour des élections législatives, plusieurs responsables syndicaux et patronaux expriment ouvertement leur préoccupation face à un exécutif privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Si les organisations d’employeurs et de salariés ont – évidemment – des vues divergentes sur les priorités à traiter, elles sont unanimes à considérer qu’il faut conjurer la menace d’une paralysie de l’action publique.
Dès le lendemain du scrutin, la CFDT a lancé cette mise en garde, lundi 20 juin, par le biais d’un communiqué : « Les urgences des travailleurs ne doivent pas souffrir de la situation politique. » « Nous craignons d’assister à une forme de blocage, qui empêche d’apporter des réponses aux vrais problèmes de court terme – tels que le pouvoir d’achat – et de plus long terme – par exemple la transition écologique », confie au Monde Laurent Berger. Pour le secrétaire général de la centrale cédétiste, il est hors de question « que les sujets sociaux sortent des écrans radars ».
Le président de la CFTC, Cyril Chabanier, partage également cette « inquiétude » face à l’état d’esprit des protagonistes, peu tourné vers la co-construction – à ce stade. « On ne peut pas se permettre de tomber dans l’immobilisme », poursuit-il.
Les milieux patronaux avouent, eux aussi, se faire du mauvais sang. « Notre grande crainte est que plus rien ne bouge », dit François Asselin, le numéro un de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). La promesse d’Emmanuel Macron de repousser à 65 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension semble désormais plus difficile à concrétiser, avec la présence au Palais-Bourbon de deux blocs d’élus hostiles à une telle mesure – à gauche et à l’extrême droite. Une incertitude que M. Asselin regrette, car « pour s’en sortir, il faut créer plus de richesses, donc travailler plus collectivement ». Mais les interrogations vont « au-delà de la réforme des retraites », selon le dirigeant de la CPME. En d’autres termes, c’est toute la capacité d’agir de l’exécutif qui est mise à l’épreuve sur de nombreux thèmes : amélioration de la « compétitivité » de notre économie, réduction du « coût du travail », refonte du « système de santé » et de « l’éducation nationale », etc.
« Culture du compromis »
« Le statu quo n’est pas une option », martèle Geoffroy Roux de Bézieux, le leader du Medef, en réaffirmant la nécessité de poursuivre les transformations du pays « devant les défis géopolitique et climatique ». Son homologue de l’Union des entreprises de proximité, Dominique Métayer, tient un discours analogue en appelant les forces politiques à « ne pas mettre sous le tapis » les problèmes qui se posent aujourd’hui (flambée des prix, soutien aux sociétés de petite taille, préservation de notre modèle de protection sociale…).
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