« Nerveusement, c’est très dur » : dans l’Indre, les ouvriers de la fonderie Alvance Wheels attendent un repreneur avant Noël
De la charcuterie, des cigarettes et du café bien serré sont alignés sur une table de camping dressée entre deux fourgons blancs. Ce jeudi 9 décembre, ceux qui débauchent et rejoignent le parking y font halte. « On fête Noël avant l’heure, car, demain, personne ne sera là, on va démarrer une nouvelle période de chômage partiel », dit l’un des 287 ouvriers (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat) de l’unique usine de jantes en aluminium de France, installée à Diors (Indre), sur le site d’une ancienne base militaire américaine, au cœur de la Champagne berrichonne.
Depuis avril, Alvance Wheels – ex-Liberty Wheels, ex-F2R, et ex-Montupet – est de nouveau en redressement judiciaire. L’événement intervient après la faillite, en mars, de la banque britannique Greensill, partenaire du groupe de Sanjeev Gupta, GFG Alliance, auquel appartient Alvance Wheels.
Deux lettres d’intention de repreneurs potentiels avaient été adressées au tribunal de commerce de Paris, en juin : « Mais soit le projet n’était pas financé, soit le repreneur était extérieur au milieu automobile. Bref, tout pour se casser la gueule. On avait plus peur pour eux que pour nous », se rappelle un vétéran de la fonderie. Puis un candidat plus crédible, soutenu par Bercy, s’est manifesté : l’équipementier français Saint-Jean Industries, aux 1 900 salariés et huit sites de production répartis à travers le monde.
« A une époque, Saint-Jean a eu dans son giron la Fonderie du Poitou Fonte [fermée cet été], qui, à l’origine, appartenait à Renault. Les deux ont toujours travaillé ensemble depuis ! C’est plutôt bon signe », assure Christophe Bouvet, délégué CFDT de l’entreprise et opérateur d’usinage depuis vingt et un ans.
En cas de reprise par Saint-Jean, le constructeur historique promet d’être au rendez-vous : « Renault s’engage à consulter la nouvelle société (…), lui permettant ainsi d’accéder à un volume de production pouvant atteindre 500 000 roues annuelles au bénéfice de Renault », disait un communiqué datant du 23 novembre. Lequel indiquait, plus loin, renoncer à soutenir le projet de reprise d’un autre sous-traitant, la Société aveyronnaise de métallurgie de Decazeville, à Viviez (Aveyron), qui a, depuis, été liquidée…
« Cet effort doit beaucoup à la dignité des salariés »
Le 19 novembre, la région Centre s’est engagée à débloquer 5 millions d’euros pour soutenir la reprise d’Alvance Wheels : 3 millions sous la forme d’un prêt, 2 millions directement injectés dans la trésorerie. L’agglomération Châteauroux Métropole abondera à hauteur de 150 000 euros. « Cet effort doit beaucoup à la dignité des salariés », estime Gil Avérous, son président, et par ailleurs maire LR de Châteauroux. « Ces derniers mois, tous les élus, les représentants des collectivités publiques ont pu faire des visites sur place et prendre la parole librement. Il n’y a eu aucune tension et même aucune menace d’abîmer l’outil de travail. Ce n’est pas la mentalité des gens de chez nous. On voulait vraiment que les repreneurs potentiels comprennent que les salariés n’étaient pas des ennemis ou des opposants, bien au contraire. »
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