« Même si la révolution de l’IA générative a 3 ans, il est encore tôt pour voir ses effets concrets sur les emplois juniors »
Les jeunes sont-ils les premières victimes de la généralisation en cours des outils d’intelligence artificielle (IA) dans les métiers du tertiaire ? Les derniers rapports et études scientifiques qui évaluent la façon dont l’IA générative va affecter le recrutement des diplômés dans les secteurs concernés par l’automatisation des tâches – tech, finance, conseil, comptabilité, droit… – proposent des conclusions variables sur le sujet.
Pour Gregory Verdugo, professeur des universités en sciences économiques à CY Cergy-Paris Université et auteur de L’IA et l’emploi (Presses de Sciences Po, 122 pages, 9 euros), il est encore trop tôt pour évaluer l’impact concret de cette révolution sur le travail des jeunes.
Doit-on s’inquiéter d’un gel du recrutement des jeunes diplômés au profit d’investissements dans l’IA ?
Les jeunes travailleurs sont la première variable d’ajustement lorsqu’il y a des changements sur le marché du travail, qu’ils soient cycliques ou plus profonds. Et si les investissements dans l’IA visent à automatiser les tâches les plus simples, cela peut en effet concerner celles effectuées par les moins expérimentés. Mais il est assez difficile, à court terme, de distinguer le rôle de la baisse de la conjoncture de celui d’un changement technologique structurel.
Pour l’instant, il y a un consensus dans la littérature académique pour dire que les transitions technologiques prennent du temps, et que les progrès de l’intelligence artificielle sont aujourd’hui beaucoup plus rapides que leur application dans les entreprises. La révolution numérique a mis une trentaine d’années à changer complètement le marché du travail. Donc, même si la révolution des grands modèles de langages a 3 ans, il est encore un peu tôt pour voir ses effets concrets sur les emplois juniors.
Plusieurs études et rapports récents vont cependant dans le sens d’une baisse concrète du recrutement de juniors dans les entreprises. Comment le comprendre ?
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