Médecins urgentistes, la tentation du départ vers le secteur privé

Médecins urgentistes, la tentation du départ vers le secteur privé

La ministre de la santé présente lundi des mesures qui doivent permettre de « régler le problème des urgences sur le long terme ».

Manifestation du personnel d’urgence du CHU de Lille le 27 août.
Manifestation du personnel d’urgence du CHU de Lille le 27 août. PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’est l’une des multiples facettes de la crise qui secoue les services d’urgences des hôpitaux publics. Epuisés et dépités par la dégradation de leurs conditions de travail, liée à la hausse continue du nombre de malades, plusieurs médecins urgentistes quittent – partiellement ou totalement – leur service pour se reconvertir, exercer dans le privé ou faire de l’intérim, ce qui leur permet de choisir leur rythme et leur charge de travail. Une désaffection à laquelle le plan de « refondation » des urgences présenté le 9 septembre par la ministre de la santé après cinq mois de grève des personnels paramédicaux devra tenter de mettre fin.

Si ce phénomène de fuite n’est pas nouveau, il semble devenir plus grave. En Ile-de-France, au moins 119 urgentistes ont démissionné l’année dernière, contre 73 en 2017 et 43 en 2015, selon une enquête flash publiée par l’Agence régionale de santé en juin. Des hôpitaux comme Mulhouse ou Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont dernièrement dû faire face à des départs massifs d’urgentistes, contraignant à des délestages vers les hôpitaux voisins. Aux urgences de Lens, le nombre de médecins est brutalement passé en un été de 18 à 7 équivalents temps plein. La raison de ces départs ? « L’épuisement professionnel pour la plupart d’entre eux », a déclaré en juin Alain-Eric Dubart, le chef du pôle du groupement hospitalier de territoire (GHT) Artois.

Ces départs viennent d’une façon générale fragiliser des services déjà en pénurie de recruter des nouveaux médecins.  Selon les calculs du Point publiés cet été, il manquerait plus de 800 médecins urgentistes dans les hôpitaux français, même si une partie des postes vacants sont tenus par des contractuels. déclarant que « de nombreux praticiens quittent actuellement l’hôpital public par désespoir », les présidents de commission médicale d’établissement, c’est-à-dire les représentants des médecins hospitaliers, appellent à un « choc d’attractivité » et de « fidélisation ».

« Désespoir »

Pour « stopper la fuite des urgentistes de l’hôpital public », l’association des médecins urgentistes de France (AMUF) a sollicité dans un communiqué publié au cœur de l’été que l’indemnité de garde de nuit (14 heures) des praticiens hospitaliers soit alignée sur celles des universitaires « d’environ 265 euros à environ 480 euros », de manière à limiter l’intérêt financier pour un médecin hospitalier de faire de l’intérim.

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LJD

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