Loi sur la recherche : universités et laboratoires dans la rue contre la précarité

Loi sur la recherche : universités et laboratoires dans la rue contre la précarité

Des membres du mouvement Revues en lutte, qui proteste contre la réforme des retraites, à Paris, le 25 février.
Des membres du mouvement Revues en lutte, qui proteste contre la réforme des retraites, à Paris, le 25 février. THOMAS SAMSON / AFP

Largement saluée au départ comme une promesse de financement dans un secteur en souffrance, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) va-t-elle réussir le tour de force de devenir la cause d’une mobilisation d’ampleur, contre elle, dans le monde scientifique ? Une coordination nationale des « facs et des labos en lutte » appelle à faire de jeudi 5 mars « le jour où l’université et la recherche s’arrêtent ». Un appel soutenu par les syndicats du secteur, toutes tendances confondues, qui ont déposé des préavis de grève.

« Des mobilisations et des actions sont prévues dans l’ensemble des universités du territoire », soutient Marie Sonnette, maîtresse de conférences en sociologie et membre de cette coordination, réunie pour la première fois en décembre 2019 dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites.

« Ce que nous savons de la LPPR va dans le sens de la casse du service public, avec plus de précarité et moins de financements pérennes », dénonce l’universitaire. En tête des revendications de cette journée : le retrait du texte et la demande d’un « plan de titularisation massif des 130 000 précaires et vacataires » de l’université et de la recherche, et de « créations de postes ».

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Un an après l’annonce par le premier ministre, Edouard Philippe, en février 2019, de ce projet de LPPR, ayant vocation à investir de manière durable et à la hauteur des besoins dans la recherche, le texte n’est pas encore connu dans le détail, mais il est au cœur de la contestation qui monte depuis trois mois dans une partie de la communauté universitaire.

Loi « inégalitaire » et « darwinienne »

Selon les chiffres de la coordination, plus d’une centaine d’universités et d’écoles, près de 300 laboratoires et 145 revues scientifiques en sciences humaines et sociales sont impliqués dans le mouvement, qui prend la forme de motions de défiance, d’actions diverses comme des flashmobs, ou encore de participation aux manifestations interprofessionnelles. Un vent de contestation comme il n’en a pas soufflé dans le secteur depuis le mouvement contre la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) de 2009.

Comment en est-on arrivé là ? L’objectif, toujours affiché par le gouvernement, d’atteindre 3 % du produit intérieur brut (PIB) investi dans la recherche – dont 1 % pour la recherche publique – fait l’unanimité.

En revanche, les paroles du patron du CNRS, Antoine Petit, prononcées fin novembre 2019 et plaidant pour une loi « inégalitaire » et « darwinienne », ont suscité une première vague d’indignation, dans une branche d’activité où la compétition et le temps passé à répondre à des appels à projets pour décrocher des financements sont déjà largement décriés.

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LJD

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