L’instabilité, en toile de fond de la campagne des européennes

L’instabilité, en toile de fond de la campagne des européennes

Contre la hausse des prix de l’immobilier, des banderoles demandent de « justes loyers pour tous », dans la Karl-Marx Allee, à Berlin, le 6 avril.
Contre la hausse des prix de l’immobilier, des banderoles demandent de « justes loyers pour tous », dans la Karl-Marx Allee, à Berlin, le 6 avril. ODD ANDERSEN / AFP

En dépit de la diminution du chômage, au plus bas depuis 2000 dans l’UE, un nombre progressif d’Européens aperçoivent des gênes sur le marché du travail et dans le logement.

C’est l’un des grandes extravagances de la campagne qui se finisse. La crise des « gilets jaunes » et la consultation lancée dans la foulée ont remis la question sociale au cœur du débat public français, renvoyant les échanges sur le scrutin européen du 26 mai.

Les programmes des trente-quatre listes, souvent concis, ont été présentés très tard. Un consensus flou s’y dégage sur l’urgence de bâtir une Europe qui « protège plus ». Les partis de gauche se discernent sur le besoin d’instaurer un « smic européen », comme proposé par Emmanuel Macron. Mais au-delà, les lignes de fracture réapparaissent. Surtout, les débats restent, pour l’essentiel, dominés par l’affrontement entre le Rassemblement national (RN) et La République en marche (LRM), avide de rejouer le match de la présidentielle de 2017.

La France n’est pas la seule dans ce cas : dans tout l’Union européenne (UE), la campagne est commandée par les enjeux politiques nationaux. Selon l’Eurobaromètre de mars, les Européens considèrent pourtant que la croissance (50 %) et la lutte contre le chômage des jeunes (47 %) auraient dû être exprimées en priorité lors des débats, devant l’immigration (44 %). Aussi, ils jugent la protection sociale des Européens (35 %) plus importante que celle des frontières extérieures (24 %).

Et pour cause. Dans les vingt-huit pays membres, l’anxiété des classes moyennes accroissement face au risque de déchéance et à la précarisation. Brexit, vote populiste, « gilets jaunes » : selon les Etats, ce ras-le-bol s’est exprimé sous différentes formes ces derniers mois.

Il impose un constat : derrière les chiffres prometteurs du taux de chômage européen (6,4 % de la population active en mars 2019), au plus bas depuis 2000, selon Eurostat, d’importantes mutations sont à l’œuvre sur les marchés du travail. Et elles ont débuté bien avant la crise. « En Europe, comme dans les pays industrialisés, la précarité se développe aux marges et la qualité de certains emplois se dégrade », déclare Stefano Scarpetta, de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

« Concurrence fiscale »

Donc, dans l’UE, 11,2 % des 20-64 ans employaient un contrat à durée déterminée (CDD) en 2018, contre 9,5 % en 2003, selon Eurostat. Les moins de 25 ans sont en première ligne : pour eux, la part des CDD a bondi de 34 % à 41 % sur la période, et elle atteint actuellement des sommets en Espagne (67 %), au Portugal (61 %) et en Italie (57 %).

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LJD

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