L’inquiétude des salariés quant au Covid-19 risque de faire flamber l’absentéisme

L’inquiétude des salariés quant au Covid-19 risque de faire flamber l’absentéisme

Des arrêts maladie en hausse, motivés notamment par le stress ou l’épuisement professionnel, et une inquiétude quant au retour en entreprise qui a du mal à se dissiper : la crise sanitaire due au coronavirus a fait grimper les chiffres de l’absentéisme. Si pendant la première semaine de mars, 8 % des salariés se sont vu prescrire un arrêt maladie, ce chiffre est monté à 13 % pendant la seconde quinzaine, avant de retomber à 12 % jusqu’à la mi-mai environ, et de redescendre à son étiage de 8 % ensuite, indique le baromètre de l’absentéisme réalisé par Malakoff Humanis sur la base d’études auprès de salariés du secteur privé.

En avril, mois entièrement passé en confinement, le Covid-19 était à l’origine d’un quart des arrêts de travail, qu’il s’agisse de cas de contamination confirmés ou suspectés (14 %) ou de cas contacts (12 %). Dans le même temps, sur toute la période de mars à juin, les risques psychosociaux sont devenus plus fréquents que les troubles musculo-squelettiques, d’ordinaire deuxième motif invoqué dans les arrêts de travail.

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Après le confinement, les arrêts de travail ont diminué, mais les salariés étaient 60 % à dire qu’ils appréhendaient leur retour au travail : la perspective de devoir porter masques et/ou gants, la difficulté de respecter les gestes barrières et les règles de distanciation en entreprise, les éventuels changements d’organisation du travail et la nécessité de reprendre les transports en commun étaient autant de préoccupations. « On note que ce niveau d’inquiétude est plus important (67 %) chez ceux qui n’étaient pas encore retournés, à la date de l’enquête, sur leur lieu de travail que parmi ceux qui y étaient retournés (58 %), fait valoir Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation de Malakoff Humanis. Il est probable que, quand on a repris le travail, on se rende compte que c’est moins anxiogène que ce que l’on imaginait… »

« Un fort engagement des collaborateurs »

Néanmoins, cette inquiétude a poussé 11 % des salariés à reconnaître envisager de se faire prescrire un arrêt de travail pour ne pas avoir à retourner sur leur lieu de travail. Parmi les raisons citées : volonté de ne pas reprendre les transports, de ne pas reprendre le « rythme ordinaire » ou afin de ne pas se sentir angoissé à l’idée de sortir de chez soi.

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Julien Rémy, consultant au sein du groupe Willis Towers Watson, spécialisé dans les ressources humaines, confirme que l’absentéisme a fortement augmenté pendant le confinement, si l’on inclut les arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfants ou pour les personnes vulnérables : la hausse notée entre le 17 mars et le 30 avril s’élève même à 98 % par rapport à la période du 1er janvier au 16 mars, soit un quasi-doublement. Mais à partir du 1er mai, lorsque les arrêts de travail dérogatoires ont basculé en activité partielle, l’absentéisme est revenu à un niveau inférieur de 6 % à celui d’avant le confinement. « Les entreprises ont alors observé un fort engagement » des employés, note l’expert.

La situation est alors revenue progressivement à la normale, avec un niveau d’absentéisme durant l’été similaire à celui observé avant le confinement. « Même si beaucoup d’entreprises ont fait le choix de reprendre le travail comme avant l’épidémie, ce qui n’est pas très bien vécu par nombre de salariés », relève M. Rémy, qui met en garde contre « une mauvaise gestion de ce virage qui pourrait se traduire par de l’absentéisme supplémentaire ».

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LJD

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