L’Etat veut marier l’acier nordiste d’Ascoval et les rails mosellans de Hayange

L’Etat veut marier l’acier nordiste d’Ascoval et les rails mosellans de Hayange

Devant l’usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord), le 22 mai 2019.

Dans un paysage de la sidérurgie européenne bouleversé par la pression des pays émergents et la crise sanitaire, le gouvernement cherche à marier deux sites importants pour assurer leur avenir dans des régions durement touchées par la désindustrialisation : l’usine Ascoval, qui produit de l’acier à Saint-Saulve (Nord), et le laminoir de Hayange (Moselle), qui fabrique des rails pour plusieurs gestionnaires de réseaux ferroviaires, dont celui de la SNCF. Le ministère de l’économie et des finances se donne quelques semaines pour choisir le candidat à la reprise. Et clore ainsi un dossier vieux de plusieurs années.

Trois repreneurs sérieux sont sur les rangs : ArcelorMittal France, dont l’histoire est ancrée dans l’Hexagone ; Liberty Steel, propriété de l’homme d’affaires anglo-indien Sanjeev Gupta, qui exploite notamment une importante usine d’aluminium (ex-Pechiney) à Dunkerque (Nord) ; et le groupe chinois Jingye, repreneur, en mars, des actifs de British Steel en faillite. Mais celui-ci n’avait pas obtenu son usine de Hayange, présentée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, comme un « actif stratégique » en raison de sa place de principal fournisseur de SNCF Réseau.

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Hayange, qui dispose d’un solide carnet de commandes, est donc à vendre. Tout comme l’usine d’Ascoval, passée entre diverses mains depuis sa cession par Vallourec, en 2016, et désormais détenue par le fonds britannique Greybull Capital, qui veut le sortir de son portefeuille. En novembre 2019, M. Le Maire avait préfiguré ce rapprochement en annonçant que Saint-Saulve fournirait durant quatre ans, à partir de septembre, 140 000 tonnes par an de blooms rectangulaires (barres d’acier) pour la production de rails à Hayange. Un contrat global bienvenu de 47 millions d’euros.

Faire aboutir le dossier avant la fin des vacances

Le gouvernement souhaite faire aboutir le dossier avant la fin des vacances pour que la nouvelle entité puisse fonctionner dès la rentrée. Reste, évidemment, à trouver le meilleur repreneur. Recalé une première fois, le groupe chinois ne semble pas le mieux placé. Une source proche du dossier souligne l’opacité des financements de Jingye, le profil de son patron, ex-cadre du Parti communiste, et l’incertitude sur les motivations d’une entreprise qui a néanmoins pignon sur rue : est-ce pour contourner les quotas d’importation d’acier dans l’Union européenne qu’il a cette fringale d’acquisitions sur le Vieux Continent, alors que les aciéristes chinois inondent le monde d’une production très compétitive ?

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LJD

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