Les robots chinois à la conquête des usines
L’endroit tient autant de l’atelier que de l’usine : beaucoup d’étagères, quelques stations de test, trois lignes d’assemblage d’une petite dizaine de mètres chacune. Sur de grosses commodes de métal, des bras robotisés blanc et vert attrapent vis, boulons et les ajustent sur des pièces. Bienvenue chez CGXI, une start-up de 300 employés sise à Wuxi, au nord de Shanghaï, qui fabrique des « cobots » (contraction de « robot » et de « collaboratif »), à savoir de petits robots industriels capables de travailler en collaboration avec les humains.
Ici, les robots fabriquent des robots. Paradoxalement, l’entreprise n’a pas encore atteint un haut degré d’automatisation, en raison de ses petits volumes de production. Mais, grâce au financement d’une banque d’investissement publique, la jeune pousse s’apprête à lancer une nouvelle usine entièrement automatisée, dont le processus industriel « 3.0 » sera optimisé pour une production à plus grande échelle.
Car le marché est énorme : en 2022, la Chine a déployé 290 000 robots industriels, soit plus de la moitié des installations dans le monde, selon la Fédération internationale de la robotique (IFR). D’après l’Institut chinois de l’électronique, le marché devrait atteindre 11,5 milliards de dollars (environ 10,7 milliards d’euros) en 2024.
L’automatisation rapide des usines est le reflet d’une transition majeure. En effet, avec une population en âge de travailler en baisse depuis 2010 et des salaires en hausse, l’empire du Milieu n’attire plus aussi facilement les multinationales en quête de main-d’œuvre bon marché. Pour rester l’usine du monde, il doit monter en gamme.
Les autorités l’ont bien compris. Ainsi, les plans de soutien se comptent par dizaines, au niveau central comme local. Dès 2015, le Guangdong, grande province industrielle du Sud-Est, s’équipait d’un plan « remplacer les humains par des robots », doté de 950 milliards de yuans (123 milliards d’euros). Et ce volontarisme n’a pas faibli. Début 2023, le gouvernement central a publié un « plan d’action Robot+ » visant à développer l’automatisation de la plupart des secteurs économiques, de l’industrie à l’agriculture, en passant par la santé.
Avec 322 robots pour 10 000 ouvriers, la Chine se classe à la cinquième place mondiale des pays les mieux équipés, derrière la Corée du Sud (1 000 pour 10 000), Singapour, le Japon et l’Allemagne, mais devant les Etats-Unis (272 pour 10 000) et la France. Ce taux d’équipement est d’autant plus surprenant que le coût du travail reste bien inférieur en Chine.
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