Les pistes pour être boulanger en quelques mois
Les courtes formations pour tout connaitre sur la pâte, la mie et la croûte existent. Mais comme l’ajoutent les novices et les reconvertis, « il faut ne pas être rebuté par le travail dur et le salaire ».
Prochainement, Le Pouzin calculera une boulangerie de plus. C’est dans cette commune d’Ardèche que Ludovic Ruel, 43 ans, a attitré d’introduire son commerce. « C’est l’emplacement idéal, je suis en plein dans le bourg, il y a une belle visibilité. » Cet affamé ambitieux règle les derniers détails, signe les contrats avec le dernier meunier indépendant d’Ardèche. Il a même décidé d’établir un distributeur de baguettes au Rompon, le village d’à côté, pour échapper les invendus. Il faut dire que, côté organisation et comptabilité, Ludovic profite de ses vingt-cinq années dans l’informatique. Un réaménagement dans son entreprise lui a attribué les ailes pour avoir une formation dans ce qui a toujours été une passion : la pâte, la mie, la croûte.
« Coup de feu »
Bénéficiant du fait que ses horaires de travail n’ont plus à s’ajuster sur le rythme de ses enfants, et grâce à ses droits obtenu au fonds de gestion des congés individuels de formation (Fongecif), il a pu se bénéficier d’un CAP boulangerie à l’école Christian-Vabret d’Aurillac (Cantal). L’une des meilleures écoles de France en la matière. Quelques mois qui ont modifié sa vie.
En France, la boulangerie, c’est 35 000 établissements : un commerce pour 1 800 habitants. Quelque 160 000 personnes – dont 51 % de femmes – y travaillent avec des formations allant du CAP (ou équivalent) boulangerie au brevet de maîtrise supérieur – qui ouvre les portes du concours du Meilleur ouvrier de France.
Entre ces personnes, beaucoup arrivent d’autres horizons. En moins d’un an, il est possible d’enseigner les rudiments de la boulangerie ou de la pâtisserie, et de s’apercevoir vite au « coup de feu » de 6 heures. Plusieurs écoles publiques ou privées proposent des formations pour adultes, qui peuvent être rétribuées par Pôle emploi, la formation continue, les congés individuels de formation (CIF) et autres droits individuels à la formation (DIF)… Voire par la région, s’il y a projet de création d’entreprise. Et, malgré cela, le secteur peine à recruter.
1 400 euros net par mois
Clément Bellegarde, 30 ans, titulaire d’un master 1 en droit public, a pris le même tournant que Ludovic, pour faire la même formation, alors qu’il était au chômage. « Je m’étais dirigé vers Pôle emploi, une conseillère m’a aidé en me faisant faire des stages. C’était important car on peut se faire une idée idyllique du métier, avec les émissions télé, mais, dans la réalité, faire une série de vingt gâteaux avec un objectif de rentabilité n’est pas si glamour », déclare-t-il.