« Les jeunes diplômés exigent une liberté totale » : la semaine de quatre jours, un appât pour les entreprises

« Les jeunes diplômés exigent une liberté totale » : la semaine de quatre jours, un appât pour les entreprises

Un nouveau verbe fait fureur parmi les employés d’Accenture. Depuis le 1er juin 2022, la boîte de conseil permet de « flexer » un jour de la semaine. Clémentine Stéphan, 27 ans, embauchée en janvier, « flexe » ainsi son vendredi : « Ce jour-là, je ne travaille pas. Je profite de ma famille, je fais du sport. C’est un vrai atout. » Si elle le souhaite, et sans perte de salaire, l’ingénieure d’études diplômée de l’EMBA Business School peut organiser sa semaine de travail sur quatre jours, et sans perte de salaire : « Quand je flexe mon vendredi, je démarre la semaine avec une autre énergie, car je sais que j’aurai un week-end de trois jours. Maintenant que j’y ai goûté, je pourrais difficilement basculer sur un mode de travail plus conventionnel. »

Rebaptisé « semaine flexible », le dispositif fait figure d’appât pour les milliers de jeunes diplômés recrutés par l’entreprise de conseil chaque année. « Ils s’approprient le dispositif comme ils le souhaitent. On a des “serial flexeurs”, qui optent systématiquement pour la semaine de quatre jours, mais aussi des employés plus prudents, qui le font moins fréquemment. Tous sont ravis. Grâce à la semaine flexible, on reçoit de plus en plus de candidatures spontanées », assure Jacqueline Haver Droeze, directrice des ressources humaines (DRH) du groupe.

Promesse de bouleversement de notre rapport au travail, la semaine de quatre jours est devenue l’argument roi des entreprises soucieuses d’« attirer les talents ». La rareté de ces derniers – près de 30 % des entreprises ont des difficultés à recruter, selon la Grande Consultation des entrepreneurs menée en mars – rend l’idée d’autant plus affriolante. De la fonction publique à la réhabilitation du bâtiment, en passant par les boîtes d’audit, d’informatique, ou les médias, la semaine de quatre jours fait fureur dans tous les secteurs. L’idée n’est pas nouvelle, rappelle la philosophe Céline Marty : « Dans les années 1970-1980, c’est le concept de “week-end de trois jours” qui est débattu… jusqu’à ce que la réforme des 35 heures ne lui coupe l’herbe sous le pied. »

Porté par l’intensification des cas de burn-out et l’impression d’une irruption de plus en plus forte de la vie professionnelle dans le quotidien avec la généralisation des outils numériques, le dispositif intéresse de nouveau, poursuit la spécialiste des questions liées au travail : « Après avoir refait surface dans les secteurs en tension, comme l’hôtellerie ou la restauration, la semaine de quatre jours intrigue désormais les grandes entreprises désireuses d’attirer des jeunes diplômés qui ont confiance en leur employabilité, ceux qui se permettent de dire qu’ils n’iront pas chez TotalEnergies. » En 2022, le PDG de la compagnie pétrolière, Patrick Pouyanné, lui-même, affirmait au journal Les Echos « regarder de près » ce sujet.

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