Les entreprises confrontées au défi de la remotivation des salariés
Chaque jour, à 17 heures, Coline, cadre dans l’industrie, quitte son entreprise et entame une course contre la montre : les transports en commun, quelques courses avant la fermeture de 18 heures, le retour à son domicile. « Et l’histoire se répète perpétuellement depuis la mise en place du couvre-feu », soupire-t-elle. Un rythme qu’elle juge épuisant et qui ronge progressivement sa motivation à aller au bureau. Cyril, pour sa part, télétravaille dans son salon. Il est attaché au service financier d’une grande entreprise. S’il évite les affres du couvre-feu, il concède s’interroger, depuis quelques semaines, sur ses missions : « J’ai du mal à trouver du sens à mon métier tous les jours. »
La crise due au Covid-19 et ses conséquences rythment depuis près d’un an le quotidien des salariés. Et comme Coline et Cyril, nombre d’entre eux témoignent d’une difficulté croissante à s’impliquer pleinement dans leurs tâches professionnelles. Le constat est confirmé par un baromètre OpinionWay réalisé fin octobre 2020 pour le cabinet Empreinte humaine : 42 % des salariés interrogés expliquent que leur travail leur plaît moins qu’auparavant, 35 % que la crise leur a fait comprendre qu’il n’a pas de sens pour eux et 49 % indiquent rester dans leur entreprise faute de trouver mieux.
Des salariés en quête de sens ? « C’était déjà le cas avant la crise, note Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint CFDT Cadres. Mais le télétravail a agi comme un miroir grossissant. » De fait, le travail à la maison doublé du contexte de crise sanitaire exceptionnel ont amené nombre d’entre eux à s’interroger sur l’intérêt de leurs missions et leur propre utilité sociale.
Causes multiples
Dans le même temps, l’isolement des télétravailleurs a rendu plus complexes les interactions au sein de l’entreprise avec collègues et manageurs. Conséquence : les salariés ont eu plus de difficultés à « se sentir reconnus pour les efforts fournis, estime le sociologue Marc Loriol, chercheur au CNRS. Lorsqu’on est privé de socialisation, il est plus dur de ressentir que ce que l’on fait est utile, intéressant et d’en être fier ».
Cette perte de motivation d’une partie des équipes met aujourd’hui les entreprises au défi. Avec une première difficulté : elle n’est pas toujours facile à repérer. Des manageurs parviennent, certes, à détecter des baisses d’implication, voire la présence de « décrocheurs » qui ne donnent plus de nouvelles. Mais « à distance, il est plus compliqué de détecter les signaux faibles, résume Christophe Nguyen, président du cabinet Empreinte humaine. En outre, de nombreux salariés cachent leurs problèmes ».
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