Les désillusions du « cost killing » aveugle
Entreprises. Dans sa précipitation à réduire les activités de l’Etat fédéral, la nouvelle administration américaine a limogé sans hésiter tous les fonctionnaires chargés… des armes nucléaires ! Une fois la faute découverte, il ne restait plus qu’à les réembaucher au plus vite…
Ce comportement extrême ne résulte-t-il que des obsessions professeur émérite d’idéologues anti-Etat ? A vrai dire, ce type d’erreurs absurdes menace les stratégies brutales de « cost killing » (chasse aux coûts), car elles s’exercent le plus souvent dans l’urgence, de façon aveugle, et dans des organisations que les agents transformateurs connaissent mal.
La réduction des coûts ou l’optimisation d’un fonctionnement sont des démarches d’amélioration banales. Mais elles doivent être mises en œuvre sous des contraintes de qualité du service et de cohérence. Qualité de service, parce qu’il serait absurde de vouloir augmenter ses profits en faisant fuir ses meilleurs clients ou de réduire la dette publique en défaisant l’Etat. Cohérence, parce qu’il serait contreproductif de réduire certains coûts sans tenir compte des pertes que cela provoque ailleurs. Or, le respect de ces deux contraintes exige à la fois une bonne connaissance des métiers concernés et une vigilance constante face aux conséquences inattendues des actions engagées.
Sur le terrain, on est souvent loin de telles prudences. Les stratégies drastiques de « cost killing » sont imposées par de nouvelles équipes dirigeantes ou de nouveaux gouvernements qui promettent, respectivement, le retour rapide à une rentabilité élevée ou des économies budgétaires majeures. Les agents qui conduisent ces stratégies ne disposent pas des compétences nécessaires et doivent agir, au moins en partie, à l’aveugle.
Pertes inattendues
D’où, en pratique, le recours fréquent à des réductions budgétaires uniformes ou à des coupes qui se concentrent sur des activités que l’on croit moins visibles, moins défendues ou dont les effets délétères n’apparaîtront pas immédiatement. Souvent, ces stratégies s’appuient sur des consultants, mais cela exige que ceux-ci connaissent déjà les activités à transformer, sinon ils pourraient être tout aussi démunis que leurs commanditaires.
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