Les comptes de l’assurance-chômage restent dans le vert
Les comptes de l’assurance-chômage restent dans le vert, mais ils seraient bien meilleurs si l’Etat ne soutirait pas de l’argent au régime. C’est l’un des messages émis, mardi 20 février, par les partenaires sociaux à l’occasion de la présentation des « prévisions financières » de l’Unédic, l’association copilotée par les syndicats et le patronat qui gère le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. La divulgation de ces données budgétaires est hautement sensible, car le gouvernement pourrait en tirer parti pour réclamer aux organisations de salariés et d’employeurs de nouveaux changements que celles-ci n’appellent pas de leurs vœux.
Pour la deuxième année consécutive, l’assurance-chômage affiche, en 2023, un excédent, qui devrait s’élever à 1,6 milliard d’euros, ce qui est légèrement inférieur aux précédentes simulations, réalisées en septembre, du fait de la dégradation de la conjoncture. Par la suite, les gestionnaires du régime tablent sur un surplus susceptible de s’étioler encore un peu (à + 1,1 milliard en 2024), avant de croître de nouveau lors des exercices ultérieurs, jusqu’à atteindre 11,2 milliards en 2027.
Sur le plan financier, les responsables de l’Unédic ont donc le droit de se montrer plutôt optimistes. Mais ils auraient pu se prévaloir de projections encore plus riantes si le pouvoir en place n’avait pas décidé de leur faire les poches. De 2023 à 2026, l’Etat a prévu de soustraire 12,05 milliards d’euros sur les recettes du régime pour financer deux opérateurs dédiés à l’emploi et à la formation (France Travail et France Compétences). « On a pris un sacré coup derrière la tête », a déclaré Jean-Eudes Tesson, le président (Medef) de l’Unédic, lors d’une conférence de presse, mardi après-midi.
Avec le « prélèvement » ordonné par le gouvernement, la dette de l’assurance-chômage, qui avait considérablement enflé après treize années de déficit à partir de 2009, va se réduire à un rythme « ralenti » : elle serait ramenée de 63,6 milliards en 2021 à 38,6 milliards d’euros en 2027, alors que son montant aurait pu être plus faible (à hauteur de 25,5 milliards d’euros en 2027), s’il n’y avait pas eu de ponction. Le fait que le désendettement soit ainsi freiné est la conséquence d’un « choix » de l’ Etat, a martelé Patricia Ferrand, vice-présidente (CFDT) de l’Unédic.
« Dégradation de la conjoncture »
L’une des questions qui se posent désormais est de savoir comment va réagir l’exécutif à la lecture de ces données. Lors de sa déclaration de politique générale, prononcée le 30 janvier à l’Assemblée nationale, Gabriel Attal avait annoncé la couleur : si la trajectoire financière de l’assurance-chômage « dévie », « je n’hésiterai pas, comme la loi le permet, à demander aux partenaires sociaux de remettre l’ouvrage sur le métier », avait mis en garde le premier ministre. En d’autres termes, si les comptes de l’Unédic se détériorent, le locataire de Matignon se réserve la possibilité d’inviter les syndicats et le patronat à rouvrir des discussions « sur la base d’une nouvelle lettre de cadrage » gouvernementale, dont « l’ambition » serait d’« inciter toujours plus à la reprise du travail, sans tabou ».
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