Les chaussures Paraboot victimes de leur succès sur Instagram

Les chaussures Paraboot victimes de leur succès sur Instagram

Dans l’usine de chassures Paraboot de Tullins (Isère), en juin 2013.

Sans attendre la revalorisation automatique du smic de 0,9 % au 1er janvier 2022, la direction de Paraboot a déjà prévu la réévaluation des salaires de l’ensemble de ses ouvriers courant 2022. Y compris ceux qui sont payés au-dessus du smic. La marque française de chaussures avait déjà procédé à des augmentations en 2021, en dépit de la chute de ses ventes en 2020.

« Il est important de rester compétitifs », explique Eric Forestier, directeur général de Paraboot. Car, comme ses concurrents, dont J.M. Weston à Limoges, le fabricant est confronté à des difficultés de recrutement au sein de son usine de Saint-Jean-de-Moirans (Isère), qui emploie 95 personnes. Le dirigeant sait que certains de ses salariés ont récemment démissionné pour « gagner 100 à 200 euros de plus » dans l’une des entreprises voisines de cette zone industrielle Centr’Alp 2, aux portes de Grenoble.

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A en croire M. Forestier, l’agglomération dénombrait « plus de 6 000 offres d’emploi fin octobre », soit deux fois plus qu’en octobre 2020. Et l’entreprise, qui dégage 6 % à 8 % de résultat net chaque année, a beau proposer des salaires moyens de « 2 000 à 2 200 euros bruts », majorés de primes, d’intéressement, de participations et d’un treizième mois, elle peine à attirer de nouvelles recrues.

Quatorze postes de monteurs et de couseurs sont à pourvoir au sein de cette usine inaugurée en 2017 en remplacement des deux sites historiques d’Izeaux et de Tullins (Isère), à une dizaine de kilomètres. Pourvoir ces postes vacants permettrait de remettre en route la deuxième ligne de montage, à l’arrêt depuis près de deux ans « faute de bras, de bons bras », déplore un ouvrier, Yannick Lefebvre, devant sa machine, faisant allusion au long temps de formation à ces métiers manuels et physiques.

Au goût des jeunes

Or, en cette fin 2021, augmenter la production serait bienvenu. La marque ne parvient pas à répondre à la demande. Ses ventes sont en hausse de 35 % cette année ; elle devrait générer 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit l’équivalent de son exercice 2019. Connue pour la robustesse de ses cuirs et ses épaisses semelles de caoutchouc, portée « par des curés, des vignerons et des avocats », selon un dirigeant, la marque est désormais au goût de certains jeunes consommateurs.

Instagram y a contribué. La marque communique davantage sur le réseau social de Facebook, pour promouvoir son savoir-faire, publier des photos d’archives, présenter ses modèles et suggérer des looks sur une jupe longue ou un bermuda. A commencer par le modèle Michael. Dessinée en 1945, cette chaussure simplissime avait déjà séduit les « étudiants de Dauphine et de la Sorbonne, à la fin des années 1980 », alors que la mode était au « gentleman farmer », rappelle Pierre Colin, directeur marketing et communication de la marque.

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