Les Allemands appelés à travailler plus longtemps pour redresser leur économie

Les Allemands appelés à travailler plus longtemps pour redresser leur économie

« L’Allemagne n’est pas l’homme malade de l’Europe, c’est l’homme vieillissant de l’Europe. » Le constat livré par Monika Schnitzer, présidente du conseil des experts de l’économie allemande, ou « conseil des sages », n’est pas nouveau. Le sujet pourrait revenir au cœur du débat politique, tant la question démographique devient cruciale pour l’évolution de l’économie allemande.

Le rapport annuel du comité, remis par les cinq économistes mercredi 8 novembre au chancelier, propose une réforme en profondeur du système de retraite, en suggérant notamment de corréler l’âge de départ à la retraite à l’évolution de l’espérance de vie. La proposition a été rejetée, jeudi 9 novembre, par le syndicat IG Metall.

Pour les « sages », le défi démographique allemand est la cause principale de la léthargie que devrait connaître le pays ces prochaines années, bien davantage que la faiblesse conjoncturelle actuelle. Ce défi du vieillissement, assènent les économistes en direction du gouvernement, a été « insuffisamment préparé ». En raison du départ en retraite des générations nombreuses nées autour des années 1960, du ralentissement de la productivité et des créations d’entreprises, le potentiel de croissance de la première économie d’Europe pourrait se situer autour de 0,4 % par an jusqu’en 2028 si rien n’est fait, anticipent-ils. Soit environ un tiers de la performance allemande pendant les années 2010.

C’est une baisse massive de création de richesse pour la première économie d’Europe, qui aura des conséquences considérables sur le système social. Outre les conséquences du manque de main-d’œuvre, la charge financière du système de retraite sur les jeunes générations pourrait devenir insupportable : selon les calculs du conseil, le taux de cotisation moyen pourrait passer de 18,6 % du salaire actuellement à 26 % d’ici à 2080, si le niveau des pensions reste inchangé.

Les options sont limitées

Le problème des retraites était passé au second plan des priorités des politiques ces dernières années, en raison des chiffres élevés de l’immigration. Mais le récent tournant engagé par Berlin pour réduire le nombre de demandeurs d’asile, à la suite de la montée en puissance de l’extrême droite, montre les limites de cette approche. Quant aux travailleurs qualifiés qui arrivent légalement dans le pays, leur nombre ne devrait pas suffire à combler le manque de travailleurs à venir, les pays développés étant par ailleurs en compétition internationale pour les meilleurs talents.

Les options sont donc limitées pour le made in Germany. Certaines de celles qui ont été présentées par le conseil, mercredi, seront potentiellement difficiles à faire accepter à une population où la génération née autour de 1960 est presque deux fois plus nombreuse que celle des moins de 20 ans. Outre l’allongement de la durée du travail, les « sages » ont évoqué l’idée d’adapter à la baisse le niveau des pensions, en introduisant par exemple davantage de solidarité entre les retraités, grâce à des adaptations de la valeur du point. Une autre voie proposée est de créer un système complémentaire de prévoyance vieillesse par capitalisation, dans lequel les travailleurs pourraient cotiser. Ils recommandent également de mieux former les jeunes générations aux investissements sur les marchés financiers, en leur confiant un capital de départ.

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LJD

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