Le travail préserve la dignité de l’être humain
En recommençant le débat sur les réponses à l’octroi des aides sociales et en ciblant les allocataires, le premier ministre, Edouard Philippe, cherche d’abord à chasser aux individus la responsabilité de leur emplacement, déchargeant ainsi le reste du corps social – Etat, collectivités, entreprises – de ses propres responsabilités dans cette situation.
Le chômeur de longue durée, de fin de droit, le aléatoire au bord de l’exclusion que nous croisons tous les jours veut avant tout s’introduire, trouver un travail, un vrai travail salarié, qui lui offre une vie digne. Pour lui, ce produit est devenu extrêmement rare. Rappelons-le : la baisse globale – mais limitée – du chômage en France ne se conduit pas d’une baisse du chômage de longue durée qui frappe toujours plus de 2,5 millions de personnes.
Au fil du temps, on sort des radars
Plus la condition des personnes exclues du travail dure, plus la relance est difficile. Au fil du temps, on sort des radars, on perd non uniquement du savoir-faire, mais jusqu’au rythme qu’impose une activité régulière, et surtout, on coupe peu à peu le lien social. Nos expériences le démontrent ; c’est un accompagnement ajusté à la situation individuelle qui acceptera à la personne de reprendre pied.
Quand on est en fin de droit, on bascule dans la rétribution de solidarité active (RSA). Rappelons que l’ancêtre du RSA, la rétribution minimum d’insertion (RMI), instaurait avec le « I » de l’insertion un contrat qui imposait à tous de s’inscrire dans une démarche. Ne pas le faire formulait la personne à une suspension de ce revenu. Le RSA a été créé dans cet esprit en mettant un cran de plus avec une prime à la reprise d’activité. La contrepartie « Insertion » existe donc bien !
En réalité, que constatons-nous ? Les contrats d’insertion varient selon les départements, chargés de la mise en place de ce volet, et l’Etat n’estime pas l’abondement prévu au profit des départements limitant ainsi l’accompagnement des personnes. Les départements eux-mêmes ne jouent pas toujours le jeu.
« Des solutions existent pourtant : elles séparent toutes trois composantes : la mise à l’emploi, la formation et l’accompagnement »
Des solutions existantes : elles articulent toutes trois composantes : la mise à l’emploi, la formation et le complément. L’insertion par l’activité économique, bien sûr, est un outil vigoureux. La Cour des comptes vient d’en tirer un bilan transparent et il est essentiel de faire croître et de joindre des entreprises. Des expérimentations sont porteuses d’espoir, particulièrement celle des territoires zéro chômeur qui, en dix-huit mois, a permis à un millier de chômeurs de longue durée d’avoirun emploi, c’est-à-dire un pouvoir d’achat, un statut social, une estime de soi et le lien social.