Le travail à distance nourrit le désengagement
Le contexte Covid n’est pas la seule cause de la morosité ambiante. Le travail à distance installé depuis de longs mois déjà nourrit également le désengagement des salariés. C’est le résultat d’une étude réalisée par l’IFOP pour le cabinet de conseils en transformation des entreprises Julhiet Sterwen et publiée ce vendredi 12 février. L’institut de sondage a interrogé plus de 1 000 salariés dont un tiers de manageurs, du 27 octobre au 9 novembre 2020.
Plus d’un manageur sur deux (57 %) pense que les salariés se désengagent du collectif. Le travail à distance est pointé du doigt, comme la cause de ce désengagement. Ainsi, 55 % des salariés estiment qu’il affecte le sentiment d’appartenance à l’entreprise et que ce niveau de désengagement est croissant. « Nous avons en effet la population des « décrocheurs », dont le désengagement préexistant s’est naturellement renforcé et accéléré face aux obstacles rencontrés (difficultés de coordination, absence de vie collective, effet d’isolement, risques accrus de stress, sentiment de délaissement…). D’autre part, les « surengagés » d’un temps, qui peuvent, sur la durée, souffrir d’une forme d’épuisement, mais aussi de frustrations face à l’absence de reconnaissance de l’effort consenti », commente l’IFOP.
D’autre part, 19 % des répondants estiment que les liens entre les équipes se sont renforcés. C’est 8 points de plus qu’il y a deux ans. Mais du point de vue des salariés, les entreprises se sont surtout appuyées sur les qualités personnelles des collaborateurs pour affronter la crise : 44 % sur leur capacité d’adaptation, 37 % sur leur engagement et 31 % sur leur autonomie. Les manageurs ont découvert qu’ils pouvaient faire confiance à leurs équipes et les télétravailleurs ont apprécié leur autonomie, tant et si bien qu’ils se détachent de l’entreprise. Ainsi, 53 % des manageurs estiment avoir moins d’impact et d’influence sur leurs collaborateurs.
Pour la poursuite du télétravail
« Les accords de télétravail en cours de (re) négociation au sein des organisations soulèvent donc bon nombre d’interrogations au-delà des seules conditions d’exercice au quotidien, comme le maintien de la performance collaborative quelle que soit la situation de travail », analyse l’IFOP. Le deuxième enseignement de cette étude est le nouveau regard porté sur l’environnement de travail. Si l’open space n’a pas toujours eu bonne presse aux yeux des salariés, notamment à cause du bruit ou du manque de confidentialité, le Covid ne l’a pas rendu plus populaire, cette fois au nom de la sécurité sanitaire. Les salariés ne sont plus que 7 % à envisager leur travail en open space.
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