Le PIB français a chuté de 8,3 % en 2020, du jamais-vu
Alors qu’au sommet de l’Etat se préparent les modalités d’un nouveau confinement, le verdict est tombé : les restrictions sanitaires imposées par la pandémie se traduisent pour l’année 2020, selon les chiffres publiés vendredi 29 janvier, par une chute du produit intérieur brut (PIB) de 8,3 %.
Une récession historique, qui n’atteint néanmoins pas les 11 % de recul un temps anticipés par Bercy ou les 9 % que laissaient entrevoir les dernières estimations de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Mais il n’empêche. « On n’a jamais perdu autant depuis deux siècles, en dehors des périodes de guerre », rappelle Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
En 2019, l’économie française a produit 2 323 milliards d’euros de richesses ; en 2020, ce chiffre n’était plus que de 2 130 milliards d’euros. Ce sont donc près de 200 milliards d’euros de biens et services qui n’ont pas été produits, une saignée dont on ne se relèvera pas avant fin 2023, selon les économistes.
« La France a connu un choc économique sans précédent, mais elle a montré aussi une vraie capacité de rebond en fin d’année », a réagi le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « Cela montre la pertinence des dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement qui ont protégé nos entreprises et nos salariés ».
« La France a connu un choc économique sans précédent, mais elle a montré aussi une vraie capacité
de rebond en fin d’année », Bruno Le Maire, ministre de l’économie
La lueur d’optimisme de cette première estimation du PIB vient de l’amélioration relative de la situation au quatrième trimestre. Sur les trois derniers mois de l’année, marqués par le deuxième confinement et le couvre-feu, le recul du PIB n’a été « que » de 1,3 %, au lieu des 4 % anticipés, grâce à la reprise de la production de biens et de l’investissement par rapport au trimestre précédent. L’année aura donc connu le chaud et le froid, avec une chute du PIB de 5,9 % au premier trimestre, un plongeon de 13,8 % au deuxième – en cause, le confinement du printemps –, un rebond très dynamique de 18,7 % au troisième et un quatrième trimestre en léger recul de 1,3 %.
Pour violente qu’elle soit, cette récession aura néanmoins globalement préservé les revenus des ménages. Une note du Conseil d’analyse économique, publiée mercredi 27 janvier, établit que, en moyenne, les Français ont perdu entre 0 % et 5 % de leurs revenus depuis l’été 2020. Les jeunes paient un bien plus lourd tribut que la moyenne des Français. Pour eux, ce sont 5 % à 10 % du revenu qui se sont envolés par rapport à 2019, en raison de la disparition des emplois dans la restauration, les loisirs, de la suppression des CDD et missions d’intérim…. L’économie française a perdu 691 000 emplois en 2020, et le chômage a augmenté de 7,5 % sur l’année – malgré les 27 milliards d’euros consacrés au financement du chômage partiel par l’Etat.
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