Le personnel du service psychiatrie de l’hôpital du Rouvray une autre fois en grève
Il y a un an, sept salariés de l’établissement avaient mené une grève de la faim très médiatisée pour dénoncer le manque d’effectifs et les conditions d’accueil des patients.
Manifestation à l’hôpital du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), en mai 2018. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Telle une tumeur latente, le malaise continue au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen. Les banderoles de mécontentement surgissent une autre fois sur les grilles du principal hôpital psychiatrique de Seine-Maritime. Avec un message clair : « Quinze mois après, le compte n’y est pas », aux yeux de l’intersyndicale CGT, SUD et CFDT. Elle vient de lancer un nouvel appel à la grève illimitée à partir du jeudi 19 septembre à minuit.
Tous ont encore en tête l’âpre conflit social et la grève de la faim très médiatisée effectuée par 7 salariés de l’hôpital, en juin 2018. Ils dénonçaient les conditions d’accueil des patients, le manque d’effectifs et la suroccupation chronique des lits. Certains des grévistes ont tenu dix-huit jours.
Une sortie de crise a finalement été obtenue, aux forceps, sous la forme d’un protocole d’accord effectué entre direction et syndicats, et validé par l’Agence régionale de santé (ARS) de Normandie. Il prévoyait surtout l’ouverture de trente postes d’infirmiers et d’aides-soignants et faisait de la création d’une unité dédiée aux adolescents « une priorité absolue ».
Mais la fièvre n’est pas retombée. « La situation n’a pas changé, elle est même pire. Le taux d’occupation dépasse les 109 %, soit plus d’une trentaine de lits supplémentaires au quotidien », déclare actuellement l’infirmier Jean-Yves Herment, délégué CFDT et lui-même gréviste de la faim l’an dernier.
« On bricole en installant des patients sur des lits pliants dans les couloirs ou à l’écart dans des bureaux sans sanitaire », s’indigne Sébastien Ascoet, cadre de santé et élu CGT. Son confrère et infirmier René Navarette (CGT), lui, pointe la « dramatique situation d’adolescents de 14 ans qui, par manque de place dans l’unité ados saturée en permanence, sont accueillis dans les services adultes. Avec les problèmes d’attouchements ou de drogues que cela engendre… »
Bataille des chiffres
Arrivé fin janvier, Lucien Vicenzutti, le nouveau directeur du centre hospitalier (où l’autorisation de réaliser un reportage ne nous a pas été accordée), a répondu par mail aux questions du Monde. S’il reconnaît que la suroccupation entraîne l’ouverture de lits « dans des conditions inacceptables pour les patients », il déclare, à rebours des syndicats, que cette pression relève davantage « d’un problème d’organisation de l’offre de soins territoriale » que « d’un renforcement des effectifs ».