Le gouvernement veut développer plus largement l’insertion par l’activité économique en détention

Depuis l’ouverture du premier chantier d’insertion par l’activité économique (IAE) en détention à la prison d’Oermingen (Bas-Rhin), en 2016, six autres initiatives menées avec différents partenaires ont vu le jour. Un bilan de ces « expériences pilotes » réalisé fin 2019 a amené le ministère de la justice et le ministère du travail à décider en 2020 de développer cette forme d’accompagnement par le travail de personnes détenues avec des associations ayant des structures à l’extérieur susceptibles de proposer une continuité après la sortie de prison.
Eric Dupond-Moretti, ministre de la justice, et Brigitte Klinkert, ministre déléguée chargée de l’insertion, ont ainsi lancé en février un « tour de France de l’IAE en détention », afin d’essaimer la pratique dans un maximum d’établissements pénitentiaires d’ici à 2022. Dans chaque région administrative, une réunion sera organisée entre acteurs de l’insertion d’un territoire et les services des deux ministères afin de faire émerger des projets autour des prisons.
« Le plus difficile a été de faire travailler ensemble la direction de l’administration pénitentiaire et les services du ministère du travail », se souvient Thierry Kuhn, à l’origine de la création de l’atelier de rénovation de meubles au centre de détention d’Oermingen. Pour l’ex-président d’Emmaüs France, désormais directeur d’Emmaüs Mundolsheim (Bas-Rhin), l’objectif de ce type de dispositif est « de créer une activité valorisante pour les personnes détenues et valorisable à l’extérieur en se rapprochant le plus possible du droit commun ». L’association strasbourgeoise embauche ainsi chaque année en contrat d’insertion de six mois renouvelables trois à quatre ex-détenus passés dans son atelier de la prison mosellane.
Formes variées
C’est avec une démarche identique que l’association alsacienne a créé un atelier de réparation de vélos à la maison d’arrêt de Strasbourg. Fermé depuis le début de la crise sanitaire, il devrait rouvrir en juin avec le véritable label « chantier d’insertion » pouvant faire travailler six personnes à la fois. Un statut qui permet un cofinancement par les services de l’Etat de la rémunération, fixée en détention à 45 % du smic (soit 4,60 euros net de l’heure). Fort de cette formation et de l’expérience acquises, certains pourront être embauchés à leur sortie de prison à l’atelier de réparation et de vente de vélos d’occasion qu’Emmaüs a ouvert dans le quartier de Cronenbourg.
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