Le gouvernement allemand présente son projet pour féminiser les conseils d’administration
L’Allemagne prévoit d’imposer la présence de femmes dans les conseils d’administration de grandes entreprises cotées en Bourse, selon un projet de loi présenté mercredi 6 janvier. La première économie du continent accuse un net retard sur la question.
D’après une récente étude de la fondation germano-suédoise Allbright, les femmes ne représentent en effet que 12,8 % des membres des conseils d’administration des trente sociétés cotées du DAX, l’indice-vedette de la Bourse de Francfort. Cette proportion est de 28,6 % aux Etats-Unis, 24,9 % en Suède, 24,5 % en Grande-Bretagne et 22,2 % en France, selon cette même étude.
Au moins une femme au conseil
Selon le projet de loi, qui doit encore être adopté par les députés d’ici à la fin de la mandature, en septembre, au moins une femme devra siéger dans les instances dirigeantes des entreprises allemandes comptant plus de trois administrateurs. Soixante-treize entreprises seraient concernées par le changement de règle, dont trente-deux n’ont actuellement pas de femme dans leur conseil d’administration.
La nomination de femmes sera également obligatoire dans les conseils d’administration de sociétés où l’Etat est actionnaire et dans plusieurs organismes publics.
« Nous pouvons montrer que l’Allemagne est sur la voie pour devenir une société moderne, porteuse d’avenir », a déclaré la ministre de la famille, la sociale-démocrate Franziska Giffey, qui a porté le texte avec sa collègue de la justice, la sociale-démocrate Christine Lambrecht. Cette dernière a salué un « signal important pour les femmes hautement qualifiées », appelant les entreprises à « utiliser la chance » offerte par ce quota pour accroître la féminisation des postes de direction.
Fortes résistances du patronat
Malgré l’appui de la chancelière, Angela Merkel, le texte suscite de nombreuses résistances au sein de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui gouverne avec les sociaux-démocrates du SPD. « Nous ferons tout pour empêcher les quotas féminins », a lancé Hans Michelbach, député de la CSU, proche des milieux économiques. Le projet est aussi critiqué par une partie du patronat qui dénonce une ingérence dans la gouvernance des entreprises et argue d’une « pénurie de candidates » à ces postes.
Ces fortes résistances ont conduit quarante femmes à lancer une campagne pour sensibiliser l’opinion publique du pays en novembre, car, comme l’estime l’Institut de recherche économique allemand (DIW), la participation des femmes aux instances dirigeantes des groupes du pays évolue à un « rythme d’escargot ».