Le fait religieux en entreprise serait-il une affaire d’hommes ?

Carnet de bureau. Le Baromètre annuel sur le fait religieux en entreprise, publié mercredi 5 juillet par l’Institut Montaigne, est formel : « Le fait religieux est peu genré et la majorité des situations (53 %) implique des femmes et des hommes. » L’expression de la religiosité au travail est largement partagée entre les hommes et les femmes, qu’il s’agisse de porter des signes ostentatoires, d’organiser un temps de prière, voire de faire du prosélytisme. Même si, lorsqu’un seul genre est concerné, ce sont plus souvent des hommes (30 %) que des femmes (17 %).
Une différence apparaît toutefois nettement dans la façon d’exprimer sa religion en milieu professionnel. L’Observatoire du fait religieux en entreprise a établi pour ce baromètre 2023 une typologie des modes d’expression, qui distingue les faits invisibles, qui ne modifient pas l’organisation du travail, comme prier pendant une pause, des faits « perturbateurs », qui transgressent les règles de droit et peuvent faire l’objet d’une sanction, comme le refus de réaliser certaines tâches ou de serrer la main d’une collègue.
A la lecture de cette typologie, le baromètre révèle que les femmes sont très majoritairement à l’origine de faits qui ne remettent pas en cause, par eux-mêmes, le fonctionnement de l’organisation, la réalisation du travail ou encore les relations professionnelles. Elles vont demander, par exemple, à s’absenter ou solliciter un aménagement des plannings, elles vont porter un signe religieux distinctif (vêtements, objets, bijoux, comme un hidjab, une croix, une étoile de David). Mais elles sont très rarement dans la transgression.
Encadré par le code du travail
« Les comportements transgressifs sont l’apanage des hommes », remarque Lionel Honoré. Le directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise et auteur du baromètre précise que « les faits les plus dysfonctionnels retrouvent des hommes peu qualifiés et très largement parmi les moins de 35 ans. Plus on monte en compétences, plus on monte en âge, moins les faits sont problématiques ». Il peut s’agir de comportements négatifs à l’égard des femmes, de refus de réaliser une tâche, de travailler avec quelqu’un qui n’est pas de la même religion. Ce sont, par exemple, des comportements discriminants en raison du genre.
La liberté de culte n’autorise ni la discrimination ni les agissements sexistes. Le respect en entreprise est encadré par le code du travail à la fois pour les libertés individuelles (art. L. 1121-1), les convictions religieuses (art. L. 1132-1), les exigences professionnelles (art. L. 1133-1) et pour la dignité des salariés (art. L. 1142-2-1).
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