Le fait religieux bien géré dans 80 % des entreprises et problématique dans 20 %, selon l’Institut Montaigne

Dans un pays sécularisé comme l’est la France, la question du fait religieux en entreprise peut provoquer moult crispations. « Un fait sensible », pour les responsables des ressources humaines dont l’Institut Montaigne se propose d’éclairer les enjeux, dans son enquête annuelle réalisée sur cette question auprès de 25 000 cadres et responsables des ressources humaines d’entreprises de tailles variées.
Publiée le mercredi 5 juillet, la dernière édition du rapport montre que « la présence de la religion dans les situations de travail se confirme et une entreprise sur deux rencontre des situations marquées par des actes, des comportements ou des demandes ayant une dimension religieuse ». En tout, deux tiers des entreprises françaises interrogées indiquent que le fait religieux existe dans leur environnement de travail.
Mais pour Lionel Honoré, professeur des universités en sciences de gestion à l’Institut d’administration des entreprises de Brest et auteur du rapport, le fait le plus marquant est cette année la coexistence entre deux mondes au sein des entreprises qui ont eu à traiter des questions religieuses. D’un côté, les 80 % de cas où les choses sont maîtrisées et gérées de façon apaisée par les deux parties. De l’autre, 20 % d’entreprises où les comportements « dysfonctionnels », voire « rigoristes », semblent en augmentation.
Un cadre plus clair dans les grandes entreprises
Dans le premier cas, ce sont des entreprises, souvent de taille plus importante, qui ont su anticiper et outiller humainement et du point de vue de la procédure leurs cadres afin que l’émergence du fait religieux ne fasse pas obstruction au fonctionnement de la compagnie. Eduqués sur le sujet, les salariés ont eux aussi appris ce qu’ils avaient ou pas le droit de faire, formulant des demandes dans un cadre dont ils connaissent les limites. « C’est de plus en plus par la discussion que les choses se règlent », précise Lionel Honoré.
A l’inverse, les 20 % d’entreprises confrontées à des difficultés font face à des situations qui « dégénèrent vite », selon le chercheur. Concernant en majorité des hommes jeunes, le plus souvent musulmans et peu qualifiés, ces dysfonctionnements se présentent comme le refus par exemple de s’adresser à des femmes ou encore de leur serrer la main.
« Cela traduit, souligne le rapport, un réel paradoxe en entreprise : alors même que le phénomène est de plus en plus connu et que les organisations développent des outils de gestion du fait religieux, cette normalisation en entreprise n’est pas toujours suivie d’une normalisation des comportements, et de nouvelles situations dysfonctionnelles apparaissent, voire prennent une place plus importante. »
Il vous reste 16.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.