Le déficit de l’assurance-chômage atteint des proportions vertigineuses

Le déficit de l’assurance-chômage atteint des proportions vertigineuses

Depuis sa création au début de la Ve République, l’assurance-chômage n’a jamais subi un séisme d’une telle magnitude. En 2020, elle pourrait être amenée à indemniser quelque 630 000 personnes supplémentaires, qui ont perdu leur emploi à cause de la crise entraînée par l’épidémie de Covid-19. Dans le même temps, ses finances plongeraient dans le rouge écarlate, avec un déficit susceptible d’atteindre 25,7 milliards d’euros en décembre prochain, soit un niveau 13,5 fois plus élevé en douze mois.

Ces chiffres vertigineux ont été dévoilés, jeudi 18 juin, lors d’une réunion du bureau de l’Unédic, l’association copilotée par les partenaires sociaux qui gèrent le dispositif. Des projections qu’il convient, toutefois, de prendre avec prudence car elles sont empreintes de « beaucoup d’aléas », du fait des incertitudes sur la croissance de l’économie, comme l’explique la note diffusée à cette occasion.

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Reste que la crise, « inédite par son ampleur », a des conséquences ravageuses. Sous l’effet de la récession et des destructions de postes par centaines de milliers, le taux de chômage pourrait progresser en un an de près de trois points, passant de 8,1 % à la fin 2019 à 11 % douze mois après. Du coup, les allocations versées aux demandeurs d’emplois s’accroîtraient de 6,6 milliards d’euros en 2020. Mais l’Unédic fait face à une autre source de dépenses, encore plus importante : celle liée à l’activité partielle (ou chômage partiel), qu’elle finance pour un tiers, le solde étant pris en charge par l’État. Cette mesure pourrait coûter un peu plus de 10 milliards au régime.

Effondrement des ressources

Parallèlement, les ressources s’effondreraient de 16 %, pour plusieurs raisons : reports et exonérations de cotisations, baisse de la masse salariale sur laquelle sont assises les contributions à l’assurance-chômage – à la suite des réductions d’effectifs dans le privé –, recul des rentrées d’argent imputable à l’activité partielle (l’indemnité versée aux salariés étant exemptée de cotisations)… Résultat : un déficit abyssal, représentant les trois quarts des recettes attendues en 2020, et une dette qui s’envolerait à 63,1 milliards à la fin de l’année, contre 37,4 milliards en décembre 2019.

« Pendant combien de temps l’État acceptera-t-il de voir le déficit filer ? », s’interroge Jean-Pascal Higelé, maître de conférences à l’université de Lorraine

Comme d’autres secteurs de la protection sociale, l’Unédic encaisse un choc budgétaire d’une violence inouïe. « Les chiffres sont malheureusement en ligne avec la situation inédite que nous vivons », commente Eric Le Jaouen, président (Medef) de l’Unédic. Ils « traduisent la façon dont le régime est intervenu pendant la crise et interviendra très largement après », ajoute la vice-présidente (CFDT), Patricia Ferrand. Sous-entendu : l’assurance-chômage a rempli et continuera de remplir sa fonction d’amortisseur en faveur des salariés comme des employeurs : « Il n’y a pas de risque que l’Unédic ne verse pas leurs indemnités aux demandeurs d’emploi et aux entreprises qui ont recours au chômage partiel », affirme-t-elle.

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