Le Crédit mutuel Arkéa généreux avec son patron démissionnaire

Le Crédit mutuel Arkéa généreux avec son patron démissionnaire

Ronan Le Moal, alors directeur général du Crédit Mutuel Arkéa, le 27 février 2019, au Relecq-Kerhuon (Finistère).

Le Crédit mutuel Arkéa a beau être une banque coopérative régionale – son siège est situé près de Brest, au Relecq-Kerhuon (Finistère) –, ses rémunérations comme ses parachutes dorés peuvent rivaliser avec les rétributions versées par de grands groupes nationaux. Selon le dernier rapport d’informations financières mis en ligne par l’établissement bancaire (le document d’enregistrement universel 2020), son ancien directeur général, Ronan Le Moal, a en effet quitté l’institution en février 2020 avec un chèque de 5 millions d’euros.

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Ronan Le Moal, 49 ans, a passé vingt-cinq années chez Arkéa, qui regroupe les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest du Crédit mutuel, dont douze comme directeur général. Il en est parti pour créer un fonds d’investissement, Epopée Gestion, spécialisé dans l’investissement en région, aux côtés de l’entrepreneur Charles Cabillic.

Le document financier d’Arkéa précise que le banquier a perçu 3,25 millions d’euros « au titre de la cessation de son contrat de travail » et 714 000 euros « au titre de son épargne congés », auxquels s’ajoutent ses revenus versés en 2020 : un fixe de 177 000 euros, une rémunération variable de 853 000 euros et un avantage en nature de 5 000 euros.

Bataille de sept ans

« Ronan Le Moal a bien géré l’entreprise, mais de tels montants sont choquants, pour une entreprise mutualiste qui compte 10 500 salariés », réagit une source en interne. « Je m’attendais à ce que l’entreprise respecte en la matière les recommandations du code Afep-Medef », ajoute un responsable. Selon ce code de bonne gouvernance pour les entreprises cotées, « le versement d’indemnités de départ à un dirigeant mandataire social doit être exclu s’il quitte à son initiative la société pour exercer de nouvelles fonctions ». Or, comme le précise le document d’enregistrement universel du Crédit mutuel Arkéa, Ronan Le Moal a bien démissionné.

« L’indemnité de départ ne doit pas excéder, le cas échéant, deux ans de rémunération (fixe et variable annuelle) », poursuit le code de gouvernance d’entreprise. Or l’ex-directeur général a perçu un total de 1,29 million d’euros en 2019. Sollicitée, la banque a indiqué qu’elle ne faisait « plus référence au code Afep-Medef (…), n’étant pas une société dont les actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé ».

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Le Crédit mutuel Arkéa a régulièrement fait parler de lui en raison de la bataille qu’il a menée, durant sept ans, pour divorcer du reste du groupe mutualiste et obtenir son indépendance. Les tensions avec la Confédération nationale du Crédit mutuel se sont toutefois apaisées depuis le départ de Ronan Le Moal, suivi par l’annonce, en mars 2020, du retrait du président d’Arkéa, Jean-Pierre Denis. Les deux hommes portaient ensemble le projet de séparation, qui a désormais peu de chance de voir le jour.

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LJD

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