Laurent Berger : « Les salariés n’ont pas à payer ce qui vient de se passer »

Laurent Berger : « Les salariés n’ont pas à payer ce qui vient de se passer »

Laurent Berger au siège de la CFDT, à Paris, le 31 août 2020.

Les partenaires sociaux doivent être reçus à Matignon par le premier ministre, Jean Castex, du mercredi 1er au vendredi 3 septembre, pour discuter de la réforme des retraites, au point mort, et de celle de l’assurance-chômage.

Pour le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, la priorité du gouvernement doit être d’apporter des réponses aux préoccupations concrètes des salariés, notamment en matière de télétravail, de formation et d’accompagnement des chômeurs de longue durée.

Depuis ce lundi, des centaines de milliers de salariés sont tenus d’avoir un passe sanitaire pour pouvoir exercer leur activité. Craignez-vous des tensions entre des travailleurs qui ne respectent pas cette obligation et leurs patrons ?

Il faut que ce dispositif soit instauré en bonne intelligence avec les salariés concernés, par le dialogue et avec une procédure qui garantisse de ne pas conserver de données personnelles sur leur état de santé. Si des employeurs commettent des abus, ils devront être sanctionnés. Nous serons vigilants.

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Quel regard portez-vous sur le mouvement anti-passe sanitaire, qui a suscité, en plein été, une mobilisation significative ?

La CFDT ne va pas faire d’agitprop sur ce sujet. Nous sommes pour la vaccination, car c’est le seul moyen de sortir de cette pandémie.

Une partie des manifestants anti-passe sanitaire se recrute dans les rangs de l’extrême droite la plus nauséabonde, associée à quelques réseaux sectaires et à des « gilets jaunes » radicalisés. Pour nous, il est hors de question de marcher aux côtés de ces gens-là.

Mais d’autres ont défilé car ils sont las, fatigués de voir que leur vie est régie par le virus et par des mesures dictées de façon verticale, ce qui montre qu’un fossé démocratique s’est creusé. Il faut le prendre en compte : la manière dont les citoyens sont associés aux prises de décisions et à leur application est fondamentale.

Va-t-on assister à un « déconfinement des colères » ?

La fatigue démocratique dont je parle s’ancre dans l’inquiétude et l’incertitude. Certes, la reprise économique est là, mais le nombre de demandeurs d’emploi demeure supérieur à celui qui prévalait avant 2020.

De plus, la question du réchauffement climatique s’est encore posée avec acuité au cours des derniers mois, et l’actualité internationale nourrit l’anxiété.

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Dès lors, une des façons de lutter contre cette fatigue démocratique, c’est d’apporter des réponses aux préoccupations concrètes des citoyens : le retour sur le lieu de travail après de longues périodes d’activité à distance, la mise en place de lieux d’expression des salariés, l’avenir des jeunes, etc. La rentrée sociale doit se dérouler autour de ces thèmes, avec des mesures à hauteur de femmes et d’hommes, qui soient négociées et partagées. Si le gouvernement et les employeurs procèdent seuls, le débat va rester à l’état de brouhaha, en n’effleurant que l’écume des choses. Et la conflictualité va repartir, dans les entreprises comme au sein de la société.

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