Laurence Boone : « La crise touche surtout les moins qualifiés et les jeunes qui arrivent sur le marché du travail »
Entretien
Dans ses prévisions publiées mercredi 10 juin, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que la récession mondiale en 2020 sera comprise entre − 6 % et − 7,6 %. Son économiste en chef, Laurence Boone, s’inquiète des conséquences pour les personnes les plus vulnérables.
Pourquoi la zone euro va-t-elle connaître la pire récession du monde en 2020 ?
Tout d’abord, la récession affecte tous les pays de l’OCDE. En 2020, aucun ne va enregistrer de croissance positive. Plusieurs facteurs contribuent à l’ampleur plus ou moins importante de la récession. Il y a d’abord la durée et l’ampleur du confinement, le moment où il a eu lieu, la densité de population dans les lieux où se concentre l’activité économique et les leçons tirées par certains pays des précédentes épidémies.
Ensuite, la spécialisation de l’économie joue un rôle. Certains secteurs sont plus affectés que d’autres par la distanciation physique, comme le tourisme. La Grèce a enregistré peu de cas de Covid-19, mais son économie est très touchée car très dépendante de cette activité.
Les pays les plus touchés font pourtant partie de ceux qui ont lancé les plans de sauvetage les plus ambitieux…
En choisissant de fermer une partie de leur économie pour mieux lutter contre la pandémie, les pays ont interrompu l’activité des entreprises, des salariés, des travailleurs indépendants. Les gouvernements et les banques centrales ont agi très rapidement et massivement. Des mesures comme le chômage partiel ou les lignes de crédit aux entreprises ont permis de protéger les salaires et les appareils de production, mais elles n’ont pas pu compenser la forte diminution de la production et de la consommation pendant le confinement. Les États ont dépensé beaucoup pour maintenir l’activité durant cette période, et ils vont devoir continuer pour accompagner les personnes et les entreprises vers la reprise.
Quel sera le rythme de la reprise ?
La période est extraordinairement incertaine. Il y a encore beaucoup d’inconnues autour de ce virus. Nous n’avons pas encore ni vaccin ni traitement, on peut seulement viser à limiter sa propagation le plus possible, en testant, traçant et isolant, et se protégeant. Il va donc falloir vivre avec cette pandémie.
La fin progressive du confinement dans un pays ne coïncide pas avec la reprise de l’activité pleine, ni l’ouverture de toutes les frontières. Prenez la Nouvelle-Zélande, le pays n’enregistre plus aucun nouveau cas mais il a annoncé que ses frontières resteraient fermées jusqu’en 2021, pour se protéger contre une importation du virus. La reprise est lente car de nombreux secteurs ne peuvent plus fonctionner comme avant.
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