L’Assemblée nationale vote le contrat engagement jeune
Annoncé mardi, il a été adopté deux jours plus tard. L’Assemblée nationale a approuvé, jeudi 4 novembre, la création du contrat engagement jeune (CEJ), dispositif destiné à prendre le relais, à partir de mars 2022, de la garantie jeunes pour ramener vers l’emploi ceux qui en sont le plus éloignés.
Les députés ont voté un amendement du gouvernement qui accorde 550 millions d’euros supplémentaires à la mission « travail et emploi » pour le financer, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances 2022. Le dispositif mobilisera par ailleurs 2,05 milliards d’euros des 5,4 milliards d’euros de budget affecté au plan 1 jeune, 1 solution. L’exécutif avait levé le voile mardi sur les détails de cette mesure, esquissée par le président de la République le 12 juillet et dont la présentation se faisait attendre depuis la rentrée.
Le CEJ, qui pourra être proposé par Pôle emploi, les missions locales et d’autres acteurs publics et privés, doit permettre d’harmoniser les dispositifs existants d’aide aux jeunes NEET (ni en emploi ni en formation ni en études) et d’intensifier et personnaliser l’accompagnement qui leur est offert, en échange d’une allocation d’un maximum de 500 euros.
Dans le détail, 268 millions d’euros serviront à « renforcer le service public de l’emploi pour intensifier le suivi des jeunes placés » en CEJ, et 140 millions seront affectés au versement de l’allocation.
Le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, le député Bernard Perrut (Les Républicains), s’est interrogé sur la « plus-value réelle » de ce nouveau dispositif par rapport à la garantie jeunes, et sur le « caractère réaliste » de l’objectif annoncé par le gouvernement mardi : 400 000 jeunes aidés en 2022, le double des 200 000 jeunes devant bénéficier de la garantie jeunes en 2021. « Nous ne voulons ni promouvoir l’assistanat à travers un RSA jeunes et encore moins soutenir des promesses qui ne respecteraient pas les jeunes qui doivent trouver confiance en l’avenir », a-t-il dit.
Critiques du PS et de LFI
Mais les critiques les plus virulentes sont venues de la gauche de l’Hémicycle. « Le compte n’y est pas », a affirmé le député Boris Vallaud (Parti socialiste), reprenant la formule du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Il a fustigé une réponse « tardive » et « insuffisante », alors que le nombre de NEET est estimé à un million.
François Ruffin (La France insoumise) a dénoncé un « rafistolage », un « bricolage de dernière minute » et une « forme de renoncement ». Il a souligné que dès 2021 il est prévu d’aider plus de 400 000 jeunes, via la garantie jeunes, gérée par les missions locales, mais aussi via l’accompagnement intensif jeunes (AIJ), piloté par Pôle emploi (objectif de 240 000 jeunes aidés en 2021).
La ministre du travail, Elisabeth Borne, a dit ne pas vouloir entrer dans la bataille des chiffres, soulignant l’amélioration de la situation économique depuis le début de l’année, et rappelant que le CEJ est un « droit ouvert » – d’autres jeunes au-delà des 400 000 pourront être accompagnés s’ils le souhaitent.
Pôle emploi proposera 100 000 CEJ en 2022, selon le ministère du travail, ce qui n’exclut pas que d’autres jeunes continuent de bénéficier de l’AIJ.