L’argot de bureau : « greendesking », le boulot est dans le pré

L’argot de bureau : « greendesking », le boulot est dans le pré

A l’aube d’un nouvel été caniculaire, un choix cornélien s’offre au travailleur hybride moderne : endurer un trajet suffocant en voiture ou par les transports en commun pour s’offrir le luxe d’une climatisation d’entreprise salvatrice ; ou alors, se risquer au télétravail dans un logement moins frais. Que nenni, répond Pierre, votre collègue agaçant : « Oh, que je serais bien dans mon jardin, je me ferais peut-être des grillades à la pause déjeuner. En plus avec les arbres, c’est parfait, je n’ai pas trop chaud. »

Pour certains penseurs de l’entreprise du futur, le travail se dessine en vert, et pour tout le monde : le « greendesking » (avec ou sans espace) consiste justement à travailler en plein air, mais dans des conditions techniques qui ne sont pas dégradées pour autant.

L’herbe étant toujours plus verte chez le voisin, il faut se tourner vers les pays nordiques et anglo-saxons pour trouver les précurseurs de cette tendance assez jeune, mais surtout vers le Québec – qui, très étonnamment, ne propose pas de traduction à l’expression dans son Grand Dictionnaire terminologique. A Montréal, on trouve un réseau de quarante espaces de travail extérieurs gratuits, avec parasols, Internet et électricité.

Etre connecté au vivant

Il existe pléthore de solutions farfelues : on peut, par exemple, louer un espace de travail partagé, mais situé à la campagne, « planté » n’importe où (les Allemands d’Outside Society proposent un module équipé de 34 mètres carrés), ou alors choisir une cabane individuelle préfabriquée imprimée en 3D (invention de l’américain Denizen), que l’on peut mettre dans son jardin, ou à défaut en forêt.

Au-delà du fait d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, et de voir sa créativité nourrie par l’inspiration du chant lyrique des oiseaux (et autres blablatages), le « greendesking » est un outil de qualité de vie au travail (QVT). Il aiderait à réduire l’absentéisme et le stress, démontrent plusieurs études : le rapport Human Spaces de 2015 avance que les salariés ne bénéficiant pas de fenêtre donnant sur l’extérieur et un milieu naturel sont les plus stressés. C’est ce que les psychanalystes nomment « biophilie », le besoin fondamental qu’a l’humain d’être connecté au vivant. Avec le « greendesking », vous l’aurez compris, il s’agit aussi d’être connecté au Wi-Fi.

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L’entreprise peut financer de tels espaces pour ses salariés, près de ses locaux par exemple. Ou en leur sein, à condition que le bond en avant soit massif, et que cela dépasse la cour intérieure réaménagée façon jardin d’hiver (SNCF Connect propose cette solution), avec ses cinq tables dont seulement deux non loin d’une prise de courant. Quid, également, du fameux jardin potager sur le rooftop (toit-terrasse) d’une entreprise parisienne, qui offre chaque année dix-sept tomates cerises aux 1 000 salariés de l’immeuble ?

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LJD

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