La revanche des stagiaires
Des difficultés de recrutement dans certains secteurs d’activité, comme l’informatique ou le conseil, renversent le rapport de forces en faveur des stagiaires pour accéder au monde du travail.
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Axel est un stagiaire heureux. Etudiant à l’Edhec et actuellement en année de césure, il s’apprête à quitter l’entreprise Red Bull, où il a passé plusieurs mois. Des responsabilités, beaucoup de connaissances acquises : il est ravi. « Mon manageur a vraiment pris du temps pour moi, nous avons eu de nombreux échanges ! » Dans l’unité chargée des partenariats où il a travaillé, il a eu, au fond, le sentiment de « ne jamais avoir été considéré comme un stagiaire ». Youssef, lui, est serein. Etudiant en mastère spécialisé cybersécurité à Télécom Paris, il a pu choisir son entreprise parmi plusieurs propositions pour son stage de fin d’études. « Et la plupart des sociétés qui prennent des stagiaires proposent un CDI dans la foulée », dit-il.
Satisfaits de leur situation, ces stagiaires précisent toutefois que l’ère du « stage photocopie » n’est pas révolue pour tout le monde. « Il y a encore des entreprises où les stagiaires travaillent énormément sans apprendre grand-chose », témoigne un étudiant en management. Pour autant, dans des secteurs comme ceux où évoluent Axel et Youssef, une nouvelle musique se fait entendre, un air de revanche pour la communauté des stagiaires.
Un nouveau rapport de forces leur est aujourd’hui favorable. Certains domaines d’activité (informatique, conseil…) connaissent d’importantes difficultés de recrutement. Les stagiaires y deviennent un vivier stratégique. « Tout l’enjeu pour les entreprises est de les retenir à l’issue du stage, confirme Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint de la CFDT Cadres. Dans le secteur du conseil, un stage devient désormais une véritable pré-embauche. »
Manuelle Malot, directrice de l’Edhec NewGen Talent Centre, parle de « relation de mariage à l’essai, où la séduction a toute sa place. Les entreprises ont besoin que les stages se passent bien pour faire ensuite une offre ferme d’embauche ». Financièrement, « les rémunérations mensuelles proposées pour certains stages peuvent atteindre les 2 000 euros net », indique Mme Malot.
La nouvelle donne
La nouvelle donne n’a pas échappé aux étudiants, qui se montrent parfois plus exigeants. Ils peuvent y être encouragés par les organismes de formation : « Nous leur expliquons qu’un entretien pour un stage ne doit pas être à sens unique, poursuit Mme Malot. Ils doivent poser les bonnes questions pour mesurer s’ils ont envie de travailler dans l’entreprise : quel est le contenu de la mission, la façon dont ils seront managés…, des éléments qui étaient auparavant davantage évoqués lors d’un entretien d’embauche. »