« La QVT. En finir avec les conneries » : La santé, rien que la santé

« La QVT. En finir avec les conneries » : La santé, rien que la santé

Le livre. C’est l’histoire d’un concept dévoyé. Lorsqu’elle s’impose, au début des années 2010, la « qualité de vie au travail », ou « QVT », doit offrir une version non anxiogène, donc plus acceptable, de la prévention des risques psychosociaux (RPS) en entreprise. Il s’agit, en somme, de « positiver ». Las, « plutôt que leur planche de salut, la QVT a été pour les RPS leur planche de sapin », se désole Vincent Baud, fondateur du cabinet de conseil Master.

Cours de yoga, salles de sieste, panier de fruits bio et baby-foot en salle de pause… « On a assisté à l’explosion d’une offre de services », sorte de « concours Lépine du sujet », poursuit-il. En conséquence, la QVT a été « satellis[ée] (…) en dehors du contenu et du vécu au travail », l’entreprise « concentr[ant] alors ses efforts et ses ressources sur les effets et la périphérie de ses contraintes plutôt que sur leurs causes ».

Solutions cosmétiques

C’est là, plus généralement, tout le drame de la santé au travail, estime M. Baud : trop d’organisations ne vont, à ses yeux, pas au fond des choses, à la racine des problématiques, se contentant de solutions cosmétiques. Un constat qu’il développe dans son ouvrage autoédité au titre volontiers provocateur, La QVT. En finir avec les conneries (Editions Master). L’homme connaît bien le terrain, c’est l’un des principaux atouts de son récit. Il décrit au fil des pages de nombreux dysfonctionnements observés, le déni de certaines entreprises, les frustrations ou la résignation de nombreux salariés. Leurs douleurs aussi.

Il met en lumière les limites de certaines politiques. La « culture du ‘‘zéro accident’’ », par exemple. L’objectif, affiché par nombre d’entreprises, a des effets pervers. Il se concentre tout d’abord essentiellement sur les atteintes physiques à la santé. Il peut par ailleurs inciter à la dissimulation. « On pourra trouver des salariés à qui l’on proposera de prendre des congés, de rester chez eux et de se faire soigner, en attendant de voir si l’accident doit être déclaré, si ça s’aggrave », explique l’auteur. Dans le même temps, des activités à risques ont pu être sous-traitées à des entreprises où « le personnel (…) a plus de contraintes que celui des donneurs d’ordres ».

L’auteur le montre à de nombreuses reprises : certaines entreprises affichent leurs ambitions sur les questions de santé et de sécurité mais, dans le même temps, imposent à leurs salariés des situations de travail en mode dégradé. Un employé s’agace : « Ils sont forts pour nous faire la guerre aux EPI [équipements de protection individuelle] et nous mettre une pression de fou pour qu’il n’y ait pas d’accidents. Après, au moindre retard de production, ils comptent sur nous pour sauver le client coûte que coûte, et là, personne ne parle de sécurité ! »

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LJD

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