« La notion d’ascension salariale a disparu » : la rémunération des fonctionnaires s’érode

Après dix années de « gel du point d’indice », la rémunération des agents publics s’en ressent. Cet outil, qui sert de base au calcul du traitement des fonctionnaires, n’a pas été revalorisé depuis 2010. A une exception près : en 2016, François Hollande décide d’un coup de pouce de 1,2 % en deux temps.
De fait, de 2009 à 2019, l’Insee constate bien « une différence de dynamique » entre le public et le privé. Les salaires des agents publics (y compris ceux des contractuels, donc) ont diminué de 0,7 % sur la période, quand ceux du privé ont augmenté de 4,8 %. Ces données prennent en compte l’inflation. « Globalement, note Fabien Guggemos, chef de la division salaires et revenus d’activité à l’Insee, le pouvoir d’achat des salaires dans la fonction publique est quasiment stable entre 2009 et 2019 : corrigés de l’inflation, les salaires ont baissé en moyenne de 0,1 % par an. » Dans le privé, ils ont progressé de 0,5 % par an.
La tendance est la même pour les trois « versants » de l’administration : − 0,1 % par an pour les agents de l’Etat, + 0,1 % pour la territoriale et − 0,2 % pour les hôpitaux. Mais ces moyennes cachent des disparités, notamment selon les catégories de fonctionnaires (de « A », qui correspond aux fonctions d’encadrement, à « C », pour les fonctions d’exécution). C’est dans la territoriale que l’écart entre les agents est le plus élevé. En 2019, le salaire net moyen des A était de 3 202 euros, contre 1 828 euros pour les C.
« Gel du point d’indice »
« Globalement, il n’y a pas, à proprement parler, de décrochage par rapport au privé », estime-t-on dans l’entourage de la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin. Chez les bas salaires, fait-on remarquer, le salaire médian est de 1 806 euros dans le public, contre 1 703 dans le privé. « Chez les cadres, c’est différent, poursuit la même source. Si on exclut l’hôpital, il y a clairement un décrochage par rapport au privé : le salaire médian est de 3 405 euros, contre 4 103 euros dans le privé. » La fonction publique hospitalière est à part, en effet, dans la mesure où les médecins, souvent sous contrat, gagnent en moyenne 5 700 euros par mois, indique l’Insee.
« Dans la territoriale, quand on ne peut pas travailler à temps complet, il arrive que l’on touche moins que le smic. Nous constatons de vrais effets de paupérisation », dénonce Jean-Marc Canon, de la CGT
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