La majorité des syndicats de Renault approuvent le projet social et industriel du groupe en France
C’est sous les auspices du patron – Luca de Meo, le directeur général du groupe Renault – que trois des quatre organisations syndicales représentatives du Losange ont signé, mardi 14 décembre, un nouvel accord social triennal 2022-2024 pour la France, promettant aux usines tricolores du constructeur français un avenir industriel assorti d’embauches. En échange, le texte prévoit une réorganisation du travail et de nouvelles suppressions d’emplois dans les activités tertiaires et l’ingénierie. Baptisé « Re-nouveau France 2025 », le texte a été signé par la CFE-CGC, la CFDT et FO, trois syndicats représentant 76 % des 30 000 salariés de Renault en France (sur 170 000 dans le monde).
Le moment ne manque pas de solennité. Il s’agit du premier accord social d’envergure signé par la nouvelle direction depuis la chute de Carlos Ghosn, en 2018, lequel avait imprimé sa marque sur les deux précédents textes paraphés en 2013 et 2017. Ce dénouement, après treize semaines de négociations, constitue un succès pour M. de Meo et sa direction des ressources humaines. Le patron a convaincu les trois quarts de ses partenaires sociaux, y compris la CFE-CGC, premier syndicat de l’entreprise, dont l’électorat naturel – les ingénieurs, les équipes tertiaires, les fonctions supports – n’a pourtant pas été épargné par la direction depuis 2020. Seule la CGT a refusé d’entériner l’accord.
Précisément, que contient ce texte ? D’abord, la promesse de produire 700 000 véhicules par an à l’horizon 2025, ce qui constitue, selon Renault, une hausse de 38 % par rapport au niveau de 2020 et de 12 % si on compare avec la moyenne des douze dernières années. Neuf véhicules seront affectés aux usines françaises, essentiellement des voitures électriques au pôle ElectriCity du nord de la France (Douai, Maubeuge) et des véhicules utilitaires eux aussi souvent électrifiés. L’usine de Cléon (Seine-Maritime) sera le centre de production du nouveau moteur électrique de 100 kilowattheures.
Mesures de productivité
Pour accompagner cette montée en charge, 2 500 personnes seront recrutées, dont 2 000 dans la production et 500 dans l’ingénierie, en donnant la priorité aux profils rares dans le groupe : les spécialistes des données, des logiciels, de la chimie des batteries. Un plan de formation massif de 10 000 personnes sera mis en œuvre. « L’accord place la France au cœur des activités de Renault », a résumé Maximilien Fleury, directeur des ressources humaines pour la France.
L’accord prévoit, en contrepartie, des mesures de productivité : allongement de quatre heures du temps de travail annuel pour atteindre trente-cinq heures par semaine, flexibilisation en cas de baisse ou de hausse des volumes à produire, six samedis obligatoires travaillés par an, pauses de vingt minutes non payées pour les nouveaux embauchés et les intérimaires. Surtout, 1 700 emplois seront supprimés dans les deux ans dans l’ingénierie (1 300) et les fonctions support (400), qui viennent s’ajouter à l’hémorragie du plan de restructuration du printemps 2020. Ce dernier prévoyait la disparition de 4 600 postes en France, dont 2 500 pour les employés Renault du tertiaire.
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