La justice saisie d’affaires de harcèlement au sein de l’agence Campus France

La justice saisie d’affaires de harcèlement au sein de l’agence Campus France

Au Palais de justice de Paris, en 2013.

Ils sont quatre, sur un canapé, de l’autre côté d’un écran. Mesures barrières aidant, nous avons dû recourir à la visioconférence pour échanger. Mais l’émotion n’en est pas moins palpable quand ces ex-salariés de Campus France évoquent leurs années de souffrance.

Burn-out, dépression, hospitalisations, tentative de suicide, procédures judiciaires multiples… « Une situation délirante, de très grande souffrance au travail et de déni rarement vu », note un bon connaisseur du dossier et des problématiques de harcèlement. La direction de l’organisme, elle, répond qu’il n’y a pas « la moindre brutalité dans le management (…) pas plus qu’il n’a été relevé de situation de harcèlement ». Et dénonce la « rancœur personnelle » des quatre salariés qui ont créé un collectif.

Déjà évoqués par Mediapart à l’été 2020, les multiples conflits judiciaires résultant de la situation sociale au sein de Campus France, structure chargée de la promotion des universités françaises dans le monde et de la gestion des étudiants étrangers en France, continuent de se régler devant les tribunaux. Une dizaine de procédures sont en cours au total, devant les prud’hommes, en cour d’appel, en cassation, mais aussi devant des tribunaux judiciaires dans plusieurs cas.

Lundi 18 janvier, un ancien salarié – non membre du collectif – a ainsi obtenu 30 000 euros d’indemnités pour licenciement « sans cause réelle et sérieuse ». D’autres jugements sont attendus dans les mois qui viennent. Parallèlement à ces batailles judiciaires, le collectif d’ex-salariés a multiplié les alertes aux élus, aux ministères. Interrogé, le ministère des affaires étrangères, tutelle de Campus France, explique avoir « demandé un renforcement du dialogue social » et assurer depuis un « suivi étroit » de la situation.

« Brutale »

L’établissement public à caractère industriel et commercial − une structure de droit privé sous tutelle publique − Campus France pilote la venue d’étudiants du monde entier dans les universités de notre pays. Forte de plus de 200 employés, la structure, lancée au début des années 2010, résulte de la fusion d’entités aux pratiques différentes. Principalement une association, Egide, qui gérait depuis 1991 les attributions de bourses pour les étudiants étrangers en France ; et le groupement d’intérêt public EduFrance, créé en 1998 et qui coordonnait la promotion internationale des établissements d’enseignement supérieur hexagonaux. « Deux métiers très différents, avec des cultures peu compatibles, le travail sur les bourses étant plus austère, pendant que les autres font des salons, voyagent, sont plus visibles », note une salariée de Campus France, qui déplore que « l’opposition entre les cultures » perdure, des années après la fusion.

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LJD

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