La filière aéronautique veut séduire pour recruter
Quatre ans après le coup d’arrêt lié au Covid-19, la filière est en bonne santé. Avec un carnet de commandes garni de 8 598 avions à la fin 2023, représentant douze ans d’activité, le donneur d’ordre Airbus est sur un nuage et veut accélérer la production. Pour soutenir ce tempo, le secteur doit renforcer ses équipes. « En 2023, l’objectif de 25 000 recrutements a été atteint », se félicitait, aux premiers jours de janvier, Guillaume Faury, le patron d’Airbus et président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).
Cela représente une augmentation d’un peu plus de 10 % des effectifs sur les 200 000 de la filière, qui vient par ailleurs de repasser en termes d’emploi au-dessus de son niveau d’avant-Covid. En solde net, les effectifs ont augmenté de 4 %. Et, pour 2024, le Gifas table sur 25 000 nouvelles embauches. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Car toutes les entreprises cherchent les mêmes profils. Alors, pour se démarquer, elles font preuve d’initiatives pour attirer les candidats.
En novembre 2023, le groupe Liebherr-Aerospace Toulouse, fabricant de systèmes d’air pour toute la famille des A320 notamment, a mené une campagne de communication pour recruter quarante mécaniciens monteurs. Le systémier a placardé des affiches dans le métro et les abribus. En parallèle, il a organisé une « chasse aux candidats sur les réseaux sociaux ». « On a renforcé notre équipe de recrutement sur des activités de sourcing », explique Jérôme Noyer, directeur des ressources humaines de l’équipementier. « Notre volonté est de développer un vivier de candidats avec lequel on échange pour présenter le groupe. »
« Il faut être inventif et se débrouiller »
Le 5 février, ce sous-traitant a lancé une nouvelle opération séduction, baptisée Experts’ Meeting. Pour cet événement (le sixième depuis 2018), changement de décor. Privatisé, le musée toulousain L’Envol des pionniers, qui retrace l’histoire de l’aérospatiale, servira d’écrin à la sélection de trente ingénieurs expérimentés (concepteur produit, ingénieurs essai et industrialisation…). « Nous voulons les mettre dans le bain de l’entreprise en leur permettant de discuter avec la direction générale et des experts. Ils peuvent aussi découvrir nos produits présenté dans un show room », assure Jérôme Noyer.
Mais à Cologne, village gersois de moins d’un millier d’habitants à l’écart de la zone d’activité aéronautique toulousaine, trouver les bons candidats n’est pas aisé. « On ne trouve pas les profils parfaits, à temps », admet Jérôme Joulié, directeur des opérations chez Hensoldt Nexeya France. « Il faut être inventif et se débrouiller. » L’entreprise d’une soixantaine de salariés, spécialisée dans l’outillage aéronautique, plébiscite les agences d’intérim et France Travail, ex-Pôle emploi. D’ailleurs, en 2022 et 2023, elle a bénéficié d’une aide financière dans le cadre du dispositif « préparation opérationnelle à l’emploi individuel » (POEI). Ce coup de pouce a contribué à la formation de douze demandeurs d’emploi.
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