La conformité de politiques basées sur les concepts d’emploi et de chômage

La conformité de politiques basées sur les concepts d’emploi et de chômage

« Nous quittons la société industrielle, ses statuts, ses conditions, ses silos, pour la société numérique, celle où l’universalité s’impose, où le passage d’un état à l’autre se fait sans rupture. »
« Nous quittons la société industrielle, ses statuts, ses conditions, ses silos, pour la société numérique, celle où l’universalité s’impose, où le passage d’un état à l’autre se fait sans rupture. » Philippe Turpin / Photononstop

François-Xavier Petit, Directeur général du programme d’innovation et d’entrepreneuriat Matrice, se pose la question sur la conformité de politiques basées sur les concepts d’emploi et de chômage quand l’authenticité du travail s’élève sur un mix emploi/non-emploi

La modification de l’assurance-chômage entrave un sentiment tragique : celle d’être prisonnier du passé. De manière étonnante, nos dirigeants examinent le monde social avec les lunettes des années 1960 ou 1980. La « bataille pour l’emploi » les dépeint en don Quichotte contre leurs moulins. Les voilà méthodiquement à côté de la réalité de l’activité en France et des situations de travail existées.

La vérité est que nous pensons avec des concepts invalidés. Et le premier d’entre eux est celui d’inactivité. Dire cela fait instantanément surgir l’indignation : « Comment peut-on dire cela alors qu’il y a 5 millions de chômeurs ! » Et voilà la contestation terminée… Il va toutefois falloir l’avoir. Car le chômage en tant que concept (pas les chômeurs comme individus !) est actuellement hors de la réalité, sans adresse avec le monde social. La crise des « gilets jaunes » n’a pas dit uniquement le problème du pouvoir d’achat, elle a dit l’incapacité de préciser le social et la vie des gens.

Pour bien concevoir, regardons les chiffres. Nous comptons 3,4 millions de chômeurs en catégorie A (personne sans emploi et tenue d’en chercher), dont 1,5 million chercheurs d’emploi de longue durée (plus d’un an). Tous les autres – presque 2 millions, donc – sont dans des situations mal connues (transition entre deux emplois, réorientation professionnelle, étudiants s’étant ouvert des droits, intérimaires…).

Ne pas confondre toutes les catégories de chômage

On trouve, donc, dans la catégorie centrale du chômage abondamment de gens qui ne sont pas en situation de non-emploi. Et si on regarde la catégorie B, on y trouve les chômeurs qui œuvrent (sic) jusqu’à 78 heures par mois (en contrats précaires). Emploi et non-emploi se mêlent encore plus dans la catégorie C qui rassemble ceux qui besognent plus de 78 heures par mois.

Une semaine réalisant 35 heures, ils sont au-delà de ce qui serait examiné comme une mi-temps, tout en étant statistiquement des sans-emploi ! Additionnons la catégorie D pour les chômeurs en formation, arrêt maladie, convention de classification… Au total, B + C + D = 2,2 millions de personnes en situation de sous-emploi, examinées comme des chômeurs, mais exerçant plus ou moins une activité. Il reste la catégorie E qui cible des contrats aidés, mais aussi les créateurs d’entreprise…, qui sont des chômeurs œuvrant plutôt à plein temps.

A part les sans-emploi de longue durée, emploi et chômage constituent un mix aux multiples nuances. Conglomérer tout ce monde dans la catégorie chômage est indéfendable, car cette catégorie manque l’authenticité des situations de travail ; inadmissible, car en grossissant l’impression de non-emploi, elle mine le moral du pays ; inadmissible, car elle fait planer sur tous les actifs une intimidation diffuse.

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LJD

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