La colère des galeries d’art parisiennes, fermées dans le cadre des mesures sanitaires contre le Covid-19

Trop, c’est trop ! Fermées depuis le 20 mars dans le cadre du nouveau confinement, les galeries d’art parisiennes, dernier bastion où il était encore possible de voir des œuvres sans le filtre d’un écran, sont déjà montées au front. Prenant au mot Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises, qui a assuré, dimanche 21 mars, que la liste des commerces autorisés à rester ouverts pourra évoluer lorsqu’une « aberration » est constatée, le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) réclame une égalité de traitement avec les maisons de ventes aux enchères, leurs principales concurrentes, restées, elles, ouvertes.
C’est un message de Henri Paul, président du Conseil des ventes volontaires (CVV), en date du samedi 20 mars et visible sur le site Web de l’instance, qui a mis le feu aux poudres : « Le gouvernement maintient l’ouverture des salles de ventes volontaires dans les zones où des mesures restrictives sont prises en raison de la progression de la pandémie. Vous allez donc pouvoir maintenir votre calendrier de ventes sans changement en veillant bien évidemment au strict respect des gestes barrières et les précautions sanitaires habituelles. »
Pour le marchand Franck Prazan, spécialiste de l’école de Paris, pas de doute, « les maisons de ventes sont ouvertes parce que leur ministre de référence est celui de la justice ». Sur le réseau social Instagram, son confrère Emmanuel Perrotin a rebondi dans le même sens, avec une « story » illustrant le poids du lobby des maisons de ventes, qui a obtenu gain de cause auprès de la chancellerie, et le désarroi des galeries d’art contemporain abandonnées par le ministère de la culture.
« Jauges parfaitement maîtrisées »
La situation actuelle revient à « ignorer ou ne rien comprendre au travail de promotion des artistes, qui est notre mission principale », renchérit sa consœur Nathalie Obadia. « Si on ne peut plus accueillir les acheteurs, c’est catastrophique, car ce sont les ventes qui permettent aux artistes de percevoir des revenus. » Selon l’enquête publiée en février par la Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP), la vente d’œuvres constitue en effet la première source de revenus des artistes, loin devant les droits d’auteur ou les aides d’urgence.
Les pouvoirs publics auraient-ils pris peur en voyant les images de longues files d’attente devant certaines galeries le week-end ? « Même les plus grandes galeries parisiennes ne font pas le poids en termes de fréquentation et de surface par rapport à la Fnac. Les règles sanitaires et les jauges y sont parfaitement maîtrisées, réplique Marion Papillon, présidente du CPGA. Chez nous, on ne touche pas de marchandise, il y a de la place pour regarder et circuler, et les transactions sont dématérialisées. »
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