La Californie poursuit Tesla pour discrimination
Elon Musk va encore se plaindre que la Californie le traite mal. Le milliardaire, qui a quitté l’Etat en 2021 en déplorant que les impôts y soient trop élevés et les réglementations trop tatillonnes, fait maintenant face à un procès pour discrimination raciale dans l’usine Tesla de Fremont, dans la baie de San Francisco, où sont fabriquées la majorité de ses voitures électriques.
Ce n’est pas la première fois que la société Tesla Motors est poursuivie pour discrimination, mais, cette fois, la plainte émane non pas d’individus isolés mais d’une agence officielle de l’Etat de Californie : le département chargé de l’égalité devant l’emploi et le logement. Depuis 2013, ce bureau est doté du pouvoir de poursuivre les contrevenants, ceci pour répondre à l’accroissement du nombre d’entreprises exigeant des candidats à l’embauche de renoncer à toute action en justice en cas de contentieux.
Moins payés, plus souvent sanctionnés
En fait de mauvais traitements, les victimes semblent être surtout les ouvriers afro-américains de l’usine de Fremont. La plainte déposée le 9 février devant la Cour supérieure du comté d’Alameda utilise même le terme de « ségrégation ». Tesla s’est bâtie sur « un message d’innovation, d’ambitions écofuturistes et de bien commun », explique le texte. En réalité, le constructeur tire profit « d’une armée d’ouvriers, dont la plupart sont des personnes de couleur travaillant dans des conditions odieuses ».
Les plaignants disent avoir trouvé des svastikas, les initiales du Ku Klux Klan ou des reproductions du drapeau confédéré dans les toilettes
La plainte se fonde sur les témoignages de plusieurs centaines d’ouvriers, recueillis sur plusieurs années d’enquête, entre 2015 et 2019. Selon ceux-ci, les Noirs sont moins payés que les autres, plus souvent sanctionnés et affectés aux tâches les plus difficiles sur le plan physique – ils sont les seuls à devoir récurer les sols à genoux.
Ils sont aussi exposés à nombre d’insultes racistes, non seulement de la part de leurs collègues mais aussi de contremaîtres et de cadres n’hésitant pas à employer « le mot en N » (pour « nègre », mot tabou aux Etats-Unis parce qu’il rappelle l’esclavage). Certains ont été invités à « retourner en Afrique ».
Les plaignants disent avoir trouvé des croix gammées, les initiales du Ku Klux Klan ou des reproductions du drapeau confédéré dans les toilettes, voire gravées sur les machines à côté d’un nœud coulant (symbole des lynchages). Le quartier où sont affectés principalement les Noirs est affublé de noms qui rappellent les pires moments du passé, affirme le document : « bateau négrier », « plantation ».
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