La burn-out trace l’échec de l’assimilation de l’humain dans les conduites d’entreprises
Le psychologue Patrick Charrier explique, que l’exploration du burn-out comme phénomène lié au travail dévie l’attention d’une réalité qui semble plus économique et politique que sanitaire.
La découverte du burn-out comme rareté lié au travail résonne, de toute évidence, comme une avancée significative, effectif venant faire fondement pour tous ceux qui douteraient encore que le travail peut, dans vraies conditions, consommer jusqu’à l’abattement des ressources vitales de l’individu. Cette reconnaissance par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) marque la trajectoire de l’évolution du burn-out, en faisant du travail la cause de ce syndrome.
Parions actuellement sur l’ouverture d’un débat long et tendu sur la réparation éclatante et trébuchante du dommage créé par le fait même du travail. Se répète ainsi une logique qui a prévalu sur la reconnaissance des accidents du travail et, plus notamment, des syndromes post-traumatiques après-guerre, laquelle a arrimé cette forme de peine psychique à la seule et insuffisante logique prudentielle et assurantielle. Il s’agit en quelque sorte d’aller à la recherche d’un coupable à qui présenter la facture !
Mais cette exploration du burn-out comme phénomène lié au travail dévie l’attention d’une réalité qui semble plus économique et politique que clairement sanitaire. Si le harcèlement datait l’époque des pathologies des relations au travail, le burn-out est à relier aux pathologies de la promesse. Ces marqueurs générationnels signent une évolution culturelle et politique dont le travail est à la fois l’origine et la suite.
Une variable d’adaptation
Par la contrition du marché de l’emploi, par la libéralisation à abus de l’économie et des marchés, par l’affaiblissement même de l’idée de métier pensé actuellement en compétences, le monde du travail fait du facteur humain la variable d’adaptation de ses organisations et de ses stratégies. Nombre d’entreprises, particulières ou publiques, font ainsi du surengagement de leurs salariés un principe structurel presque honorable de leur équilibre… par défaut d’autres moyens.
L’hôpital public, ainsi que les établissements sanitaires et sociaux qui s’épuisent à l’ombre du premier, compte sur le surengagement des agents et salariés pour balancer les arbitrages financiers qui priorisent la gestion financière face la qualité et l’humanité du soin ; les entreprises privées persistent à valoriser et affermir par des primes et autres primes les comportements de surengagement et, ainsi, le développent selon un schéma tellement pavlovien. Il est bien français de regarder que la promesse dirait quelque chose d’une forme de compétence.