Jusqu’à 30 000 postes pourraient disparaître à Roissy-Charles-de-Gaulle
Pour la trouver, il faut s’aventurer au fond du « PR », le parking longue durée de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. C’est là, coincée entre des travaux de terrassement et les portiques d’entrée du parking, que se niche la Moszar, la maison des organisations syndicales de la zone aéroportuaire de Roissy (Val-d’Oise). Un bâtiment provisoire, façon « Algeco », où deux syndicats, la CGT et SUD-Aérien, avaient appelé les salariés de Gibag-SGH, un des multiples sous-traitants de l’aéroport, à se réunir jeudi 25 février. A la Moszar, ce jeudi, ils ne sont qu’une demi-douzaine à avoir répondu à l’appel. Après une année de chômage partiel « il est difficile d’organiser les salariés », se désolent, en chœur, Abdelhafid Dif (CGT) et Imad Dachroune (SUD-Aérien).
De fait, beaucoup n’ont plus donné signe de vie depuis des mois. Pourtant, l’heure est grave. A Roissy, Gibag-SGH, filiale du groupe 3S spécialisé dans l’assistance aéroportuaire et la sûreté, veut supprimer 10 % ses effectifs, soit 18 salariés sur 178. Quelques semaines avant Gibag-SGH, c’est Flybus, une filiale du groupe Transdev, spécialisée dans le transport des passagers de l’aérogare à l’avion, qui a sorti la faucheuse avec l’objectif de supprimer 34 postes sur 96, soit un tiers des effectifs, déplore Zaïnil Nizaraly, secrétaire général de la Fédération de l’équipement, de l’environnement, des transports et des services (FEETS-FO).
Sombre prédiction
Gibag-SGH, Flybus, ne sont que l’avant-garde de ce que Nordine Kebbache, délégué CGT et chauffeur routier pour Transdev sur la plate-forme de Roissy annonce comme « un génocide sur l’emploi » qui devrait décimer les multiples sous-traitants de l’aéroport. Une myriade de sociétés évaluée à 700 ou 800, actives dans la manutention des bagages, la sûreté, l’assistance aéroportuaire, le nettoyage des avions. Une sombre prédiction malheureusement confirmée par Marc Deman, directeur adjoint de Paris CDG Alliance, un groupement d’intérêt public qui rassemble des acteurs publics et privés du territoire de Paris-CDG et ses environs, tels Groupe ADP, Air France, la région IIe-de-France, ou encore les départements riverains de l’aéroport, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis ou le Val-d’Oise.
M. Deman prévoit « de 20 000 à 30 000 suppressions de postes d’ici à la mi-2022 ». Une véritable hécatombe pour la plate-forme de Roissy-Charles-de-Gaulle qui, selon les derniers chiffres de fin 2019, emploie plus de 94 000 salariés directs et indirects. Et encore, selon les syndicats, ces chiffres « seraient largement en deçà de la réalité car ils ne prennent pas en compte le sort des 20 000 à 30 000 intérimaires employés à Roissy ». Surtout, l’écho de la crise se fait ressentir dans tous les secteurs d’activités. Avec des aéroports au ralenti, les loueurs de voitures, les hôtels, qui mettent en place des plans de sauvegarde de l’emploi, précise le responsable.
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