Jeunes diplômés : sur le marché du travail, la « génération sacrifiée »
Les 750 000 étudiants en fin de cursus qui vont prochainement débouler sur le marché du travail seront-ils la « génération sacrifiée » sur l’autel de l’emploi, pour reprendre la formule de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie Agnès Pannier-Runacher ?
Alors que le chômage a fait un bond record en avril, les jeunes diplômés risquent de devoir multiplier les CV, encore plus que leurs aînés, afin de décrocher ne serait-ce qu’un contrat à durée déterminée (CDD).
Désillusion
Suite à la publication de son baromètre de l’insertion des jeunes diplômés bac + 4/5, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) annonce avoir constaté une chute vertigineuse des offres destinées aux jeunes diplômés en avril – – 69 % par rapport à avril 2019 – et ne perçoit, pour le moment, aucun signe d’embellie. « Tout laisse à penser que l’on va être sur une tendance similaire en mai, se désole Sébastien Thernisien, du pôle études de l’APEC. En période de crise, les jeunes, comme les seniors, sont les plus touchés ». Ce reflux est général : « hormis la santé, l’action sociale et l’industrie pharmaceutique, qui enregistrent des diminutions moindres, toutes les fonctions et tous les secteurs sont concernés par cette baisse », poursuit Sébastien Thernisien.
La désillusion est d’autant plus brutale pour la « génération Covid » qu’il y a encore quelques semaines, le monde du travail lui ouvrait grand les bras. Après quelques mois passés à envoyer des candidatures, 85 % de la promotion 2018 occupait un emploi en janvier 2020, selon le baromètre de l’association, qui évalue l’insertion professionnelle de 1 500 jeunes diplômés bac + 4/5, six à douze mois après l’obtention de leur diplôme.
Les salaires, également, étaient à la hausse : + 6,5 % pour le salaire médian de la promotion 2018 par rapport à 2017. Mais les conséquences économiques de la crise sanitaire sont venues enrayer cette belle machine.
Les jeunes sont d’autant plus exposés à la baisse de l’activité des entreprises qu’ils sont nombreux à occuper un emploi précaire, y compris les plus diplômés : un tiers (31 %) des jeunes de niveau bac + 4/5 en 2018, encore en poste en janvier 2020, avaient un contrat de travail non pérenne (CDD ou contrat d’intérim), selon l’APEC.
Etudes perturbées
Au-delà de nos frontières, c’est le même phénomène. Partout dans le monde, les jeunes paient un lourd tribut à la crise. Selon le baromètre de l’Organisation internationale du travail (OIT) dédié à l’impact du Covid-19 sur l’emploi, un jeune travailleur (âgé de moins de 25 ans) sur six a perdu son emploi à la suite de la pandémie ; quant à ceux qui sont restés en activité, ils ont vu leur temps de travail diminuer d’un quart (23 %) en moyenne.
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