Iziwork souhaite concilier hypercroissance et management respectueux
« On se sent rassurés, les choses vont dans le bon sens. Je ne vais pas jusqu’à saluer l’action de Balance ta start-up, mais cela a permis de faire bouger les choses. » Pour Johanna Pretot, manageuse depuis huit mois chez Iziwork, comme pour nombre de ses collègues, le début d’année 2021 marque un renouveau managérial.
Lancée en septembre 2018, la start-up française a gravi les échelons à une vitesse fulgurante. Elle porte un projet ambitieux : digitaliser l’intérim, par le biais d’une plate-forme qui facilite la recherche de missions pour les intérimaires. En janvier, elle annonçait une nouvelle levée de fonds de 35 millions d’euros. Juste avant d’être rattrapée par les excès de son management, dénoncés en janvier 2021 par des témoignages anonymes sur la page Instagram Balance ta start-up (BTS).
Profond mal-être
Des dizaines d’anciens salariés pointaient du doigt la charge de travail extrême dans les bureaux parisiens d’Iziwork. Pour certains, l’atmosphère stressante et l’absence de limites entre vie privée et vie professionnelle furent la cause d’un profond mal-être. « Les commerciaux finissaient à 21 heures ou 22 heures, quand ils sortaient ils allaient picoler pour tenir, se souvient un ancien développeur. Deux ou trois amis ont perdu 20 kilos et ont fait un burn-out. On voyait des gens pleurer dans les bureaux. »
Le non-respect du droit du travail est aussi au cœur des critiques : plusieurs anciens évoquent au Monde des contacts persistants en dehors des horaires de travail, des licenciements abusifs quand les objectifs ne sont pas respectés, ou un nombre anormalement élevé de ruptures conventionnelles. « On vous force à faire signer des ruptures conventionnelles pour vous faire dégager », peut-on lire sur la plate-forme Glassdoor. Le cofondateur, Mehdi Tahri, réfute de telles pratiques et affirme que la société n’a connu que quatre licenciements et trois procédures aux prud’hommes en deux ans et demi.
Tous les salariés contactés reconnaissent que l’hypercroissance d’Iziwork, conjuguée à la crise sanitaire, n’a pas favorisé la prise en compte de ce mal-être. « Entre janvier 2019 et fin 2020, l’entreprise est passée de 30 à 250 collaborateurs, le chiffre d’affaires a été multiplié par dix, explique Mehdi Tahri. Pour une entreprise aussi jeune, ça pose un certain nombre de questions. » Depuis sa naissance, l’entreprise a connu un fort turnover et des réorganisations fréquentes.
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