Insertion des jeunes : la Cour des comptes plaide pour un « guichet unique »
Dispositifs éparpillés, ressources budgétaires insuffisamment ciblées, répartition des compétences mal dessinée… Dans une note rendue publique mardi 14 décembre, la Cour des comptes dresse un bilan critique des politiques d’insertion professionnelle en faveur des jeunes. Pour améliorer les performances, elle esquisse « plusieurs pistes de progrès » qui passent par une simplification des procédures et un redécoupage des pouvoirs attribués aux acteurs en présence.
La part des moins de 25 ans qui ont un emploi est plus importante aujourd’hui qu’avant la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19. Mais la situation de cette tranche d’âge demeure préoccupante : au troisième trimestre, le taux de chômage en son sein se situait à 20,1 %, soit plus du double que la moyenne nationale (8,1 %). Le risque de se retrouver sans activité quand on est jeune est plus important dans notre pays qu’« en Allemagne et aux Pays-Bas », soulignent les magistrats de la rue Cambon dans leur audit diffusé mardi.
Pourtant, les pouvoirs publics ne sont pas restés les bras ballants. Leur effort pour aider les moins de 25 ans à pénétrer dans le monde du travail s’élevait à quelque 10 milliards d’euros par an, avant la crise sanitaire.
En outre, les réponses au problème sont nombreuses et ont fait l’objet de réformes depuis cinq ans afin de mettre l’accent sur « la formation et l’accompagnement renforcé », comme l’indique la Cour. Un exemple : la garantie jeunes, qui combine « remobilisation collective », soutien individuel et immersion professionnelle. Mais les résultats sont « assez ténus » : un mois après la sortie de ce dispositif, « le taux d’emploi (…) est en baisse, d’année en année » (23,9 % en 2019, contre 28,7 % en 2015).
Deux scénarios
Autre limite signalée par la haute juridiction : les actions mises en place ne se focalisent pas assez sur ceux qui en ont le plus besoin. Ainsi, les entrées en apprentissage se sont envolées (+ 42,6 % entre 2019 et 2020), mais « l’essentiel des nouvelles places créées a profité aux élèves capables de suivre un cursus long et a peu bénéficié aux publics vulnérables ».
De son côté, Pôle emploi propose un « accompagnement intensif jeunes » qui « n’est pas (…) orienté vers les plus éloignés du marché du travail ». L’établissement public pâtit, par ailleurs, d’une « insuffisante délimitation des frontières » avec un autre opérateur : les missions locales. Du coup, la coopération entre les deux réseaux s’avère « aléatoire » et il peut même y avoir des « tensions », voire de la « concurrence ».
Il vous reste 30.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.