« Il y a beaucoup de collègues que je n’ai jamais rencontrés » : en un an, il ne sont quasiment jamais revenus au bureau

CONFINEMENT, UN AN APRÈS
« Je suis quasiment à 100 % en télétravail. Depuis six mois, j’ai dû me déplacer deux fois maximum. Le télétravail, ça ne marche pas si mal. Même pour les contacts avec la clientèle, on est en visioconférence », témoigne Philippe Beaudoin, 62 ans, consultant et commercial chez Dalibo, une PME de services informatiques.
Comme Philippe, un télétravailleur sur quatre ne ressent pas le besoin de retourner au bureau, comme l’a dévoilé une enquête réalisée début février par l’Observatoire de la digitalisation (créé par Sageus, Odoxa et BFM Business). Et près d’un sur dix n’en ressent pas du tout le besoin. Le télétravail étant possible pour 60 % des actifs, ce sont ainsi 15 % des actifs qui ne souhaiteraient pas revenir sur leur lieu de travail.
« Notre fonctionnement, chez Dalibo, est largement en télétravail, pour les consultants mais aussi pour les commerciaux. On a reçu la consigne de l’entreprise de limiter les déplacements par précaution sanitaire. Puis on a constaté un gain de temps et d’efficacité », raconte Philippe Beaudoin. Les salariés ont redécouvert leur autonomie d’organisation, leur équilibre de vie. D’aucuns préfèrent éviter les transports en temps de Covid-19. D’autres, enfin, n’ont tout simplement pas le choix.
C’est le cas de Sébastien Mas (le nom a été changé à sa demande), 41 ans, cadre intermédiaire chez PSA en Ile-de-France. Dès mai 2020, le constructeur automobile a décrété que le travail à distance devenait la règle. « Sans ça, je serais peut-être à un jour et demi de télétravail par semaine. C’est plus flexible pour aller chercher les enfants à l’école et organiser le travail, mais le temps de transport a été remplacé par du travail et l’amplitude horaire est plus grande. De toute façon, on n’a pas le choix », affirme-t-il.
« Génération pyjama »
La désaffection pour le travail en présentiel varie selon les profils. Selon l’Observatoire de la digitalisation, les professions intermédiaires voient moins l’intérêt de revenir (37 %) que les cadres (18 %). « On retrouve la même différence par niveau de revenus et de diplôme. Plus il est bas, moins les salariés éprouvent le besoin de revenir », décrit Emile Leclerc, le directeur d’études d’Odoxa.
En revanche, il n’y a pas de différence entre les femmes et les hommes, ni entre les salariés du public et ceux du privé. Il n’existe pas non plus d’écart significatif selon les zones géographiques, mais l’opposition ville-campagne est claire : 37 % des ruraux n’expriment pas le besoin d’un retour au bureau, contre 25 % des urbains.
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