Hôpital, télétravail, santé au travail… comment l’épidémie de Covid-19 a ranimé le dialogue social
Analyse. Avec la violence de la crise sanitaire, doublée d’une crise économique d’ampleur inédite, les syndicats sont sur la défensive. Face à l’avalanche de licenciements et de plans sociaux dans les entreprises, ils se retrouvent le dos au mur et cherchent d’abord à limiter la casse. « Nous avons impulsé une “boîte à outils”, assure Frédéric Homez, secrétaire général de la fédération FO des métaux, avec un ensemble de mesures pour aider les entreprises et les salariés à passer ce mauvais cap conjoncturel. »
Mais alors que les accords nationaux interprofessionnels (ANI), qui ont illustré les grandes heures de la démocratie sociale, ont disparu du paysage depuis celui du 22 février 2018 sur la formation professionnelle, ils ont resurgi en 2020. Effet paradoxal de la crise, on a assisté au niveau national à une amorce de déconfinement du dialogue social. « La négociation collective et le dialogue social sont les meilleurs outils pour redonner de l’espoir aux salariés et aux entreprises », plaide M. Homez.
Le mythe des accords de Grenelle
Trois grands accords – chacun d’une nature différente – ont été signés en 2020. Depuis cinquante ans, tous les gouvernements, de droite comme de gauche, se sont inspirés de la conférence de Grenelle, qui, en mai 1968, sous la houlette de Georges Pompidou, avait réuni pendant vingt-cinq heures, les syndicats et le patronat pour sortir de la crise sociale. Ils ont ainsi entretenu le mythe des accords de Grenelle, alors que le relevé de conclusions issu de ces discussions n’avait recueilli aucune signature syndicale.
La crise sanitaire a mis en lumière le malaise de l’hôpital public et les souffrances des soignants. Il y avait urgence à agir. Emmanuel Macron a donc sorti de sa hotte un Ségur de la santé, un Grenelle au format long qui s’est traduit par une concertation entre le gouvernement et les syndicats, du 25 mai au 10 juillet 2020, animée par Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT, afin de « poursuivre la modernisation du système de santé et améliorer le quotidien des soignants ».
Les syndicats non représentatifs dans l’hôpital public, comme la CFTC, ont été tenus à l’écart. Fruit de ces échanges, un texte a été mis sur la table, prévoyant notamment une revalorisation de 8,2 milliards d’euros pour les métiers des établissements de santé. A la différence du Grenelle de mai 1968, il a été signé par le premier ministre, Jean Castex, le ministre de la santé, Olivier Véran, une majorité de syndicats – CFDT, FO et UNSA – et des représentants des personnels médicaux de l’hôpital public. Sa mise en œuvre fait l’objet de critiques mais il a répondu en partie aux attentes des soignants.
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