Grâce à la crise, la formation professionnelle apparaît plus utile aux salariés
« La crise a profondément modifié le regard des actifs sur la formation, avec un regard accru sur son utilité » : telle est la conclusion de Julie Gaillot, directrice du pôle Society chez CSA, l’institut de sondage qui a réalisé la deuxième édition du Baromètre de la formation et de l’emploi pour Centre Inffo publié mercredi 10 février.
Pour cette enquête de l’association sous tutelle du ministère chargé de la formation professionnelle, 1 626 actifs français (en emploi ou chômeurs ayant déjà travaillé) ont été interrogés du 14 au 21 janvier.
Le contexte d’incertitude du marché du travail a érodé la confiance des actifs dans leur avenir professionnel : 68 % des personnes interrogées affirment avoir confiance en leur avenir, contre 75 % début 2020.
Quête de sens
L’instabilité les incite à se former : « On remarque une réelle importance de l’agilité et de l’acquisition de nouvelles compétences », indique Julie Gaillot. Près d’un actif sur deux souhaite suivre une formation dans les douze prochains mois, dont 62 % ont une idée précise de la formation qu’ils souhaitent suivre ; 48 % projettent de se former en 2021, pour pallier l’évolution de leurs métiers.
Pour 88 % d’entre eux, la formation est une nécessité pour conserver son employabilité tandis que 49 % envisagent de changer d’emploi, et ce chiffre est d’autant plus fort chez les femmes et les jeunes. « Ils ont compris que les métiers changeaient vite, donc ils cherchent à s’enrichir par la formation », souligne Bruno Lucas, le délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle au ministère du travail. Ainsi, 47 % des actifs préparent ou envisagent une reconversion, et un sondé sur cinq en prépare une actuellement.
La crise nourrit également la quête de sens. « La première motivation de reconversion professionnelle est de faire un métier plus proche de ses valeurs », note Julie Gaillot. Les jeunes « n’hésitent pas à changer de métier quand ils ne sont pas satisfaits de ce qu’ils font », renchérit Patrice Guézou, directeur général de Centre Inffo : 86 % des personnes tentées par la reconversion veulent exercer un métier plus proche de leurs valeurs, c’est bien plus que ceux qui souhaitent améliorer leur employabilité et leur rémunération (57 %).
La responsabilité individuelle introduite en 2015 par le compte personnel de formation (CPF) est désormais bien intégrée : 78 % des personnes interrogées se sentent « responsables » de leur propre parcours de formation continue. « C’était un des enjeux de la loi du 5 septembre 2018 » : Bruno Lucas se félicite que les individus se saisissent de leur parcours professionnel. « On leur a donné les clés, et ils savent que c’est à eux que revient cette responsabilité de se former tout au long de leur vie. Mais il y a un besoin d’être accompagné ! », note Julie Gaillot.
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