General Electric s’apprête à de nouvelles suppressions d’emplois en France
L’annonce ne pouvait tomber plus mal, alors que le gouvernement détaille, jour après jour, son plan de relance de 100 milliards d’euros et soutient des relocalisations industrielles pour contenir la déferlante attendue du chômage et créer 160 000 emplois. En grande difficulté dans plusieurs de ses métiers, dont l’activité plus que centenaire de l’énergie, General Electric (GE) a annoncé, mercredi 9 septembre, la restructuration de deux divisions : les équipements pour barrages hydroélectriques (GE Hydro) en France et les lignes à haute tension (GE Grid Solutions) en Europe.
Ces opérations risquent, selon les syndicats, d’entraîner la suppression de 753 postes dans l’Hexagone. Sans démentir de telles coupes dans les effectifs, le conglomérat américain annonce la présentation au comité d’entreprise européen de deux « projets de transformation », qui doivent lui permettre de « retrouver une situation financière viable ». Les négociations commenceront le 15 septembre dans la branche Hydro et à la fin du mois dans la branche Grid Solutions.
L’annonce a immédiatement réveillé les tensions avec l’Etat. « Il y a des difficultés et cela peut amener certaines décisions, mais certainement pas des décisions d’aubaine », qui sont « inacceptables », a déclaré le ministre de l’économie, des finances et de la relance, jeudi 10 septembre, devant des sénateurs. Des propos qui ne visaient pas spécialement GE, affirme l’entourage de Bruno Le Maire, qui n’en a pas moins demandé à ce que « les choses soient claires » avec GE. En octobre 2019, il était parvenu – avec la forte pression des syndicats – à réduire le plan de 1 044 suppressions d’emplois annoncé au printemps : sur les 792 prévus à Belfort, 307 avaient pu être sauvés moyennant des efforts des salariés.
13 000 salariés en France
GE, qui emploie un peu plus de 13 000 salariés en France, souligne qu’il veut y rester un « acteur fort ». Et que « toute référence selon laquelle [leurs] propositions de transformation ont un caractère opportuniste est totalement inexacte et infondée ». Une source proche du groupe se veut plus explicite : « Il ne faudrait pas que GE, qui a toujours bien travaillé avec l’Etat dans ses précédents plans de transformation pour garantir de bonnes conditions pour les salariés impactés, devienne le bouc émissaire de la situation sociale actuelle. »
Le dossier est politiquement sensible pour Emmanuel Macron. Les syndicats et l’opposition ne manquent jamais de lui rappeler qu’en 2014, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée puis ministre de l’économie, il ne s’était pas opposé à la vente d’Alstom Power à GE pour 12 milliards d’euros – de laquelle une partie du produit de cession a permis de renforcer Alstom Transport. De plus, son ancien conseiller industriel à Bercy, Hugh Bailey, est aujourd’hui patron de GE France. Or, les engagements pris par les Américains lors du rachat d’Alstom (1 000 créations d’emplois en France) n’ont pas été tenus. Et, comme prévu, le groupe a dû verser une pénalité de 50 millions, utilisés pour accompagner les salariés.
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